Monday, October 1, 2007

Semaine 7 : le pays des morts bruyants.

Mesdames Messieurs bonsoâââââr. Bienvenue sur louis-cambodge, le blog qui vous tient informés d’un crapahutage cambodgien. Comme chaque semaine, Louis, en direct de Kompong Cham, vous raconte ses aventures au royaume khmer, et en profite pour vous présenter le pays, son histoire, ses moeurs, et ses habitants. Un léger contretemps nous aura empêchés de diffuser notre chronique cambodgienne hier, et nous vous prions de bien vouloir nous en excuser. Aujourd’hui, tout semble être rentré dans l’ordre, et le récit de la septième semaine peut commencer :

« Euh oui donc, comme vous le rappeliez à l’instant, je n’ai effectivement pas pu être des vôtres hier. En fait, je suis allé à Phnom Penh ce week-end, et je pensais faire ma chronique à mon retour. Cependant, comme il n’y avait plus de place dans le bus, j’ai dû prendre ce que l’on appelle ici-bas une « tourists laan », c’est-à-dire, littéralement, une « voiture touristes ». En fait, il s’agit d’une fourgonnette Toyota dans laquelle nous sommes jusqu’à une bonne quinzaine, parfois plus. Kompong Cham étant en bout de course, on s’arrête tout le temps pour prendre untel, déposer unetelle, charger, décharger. Et quand il n’y a plus de place à l’intérieur, qu’à cela ne tienne : il y a de la place sur le toit. Entre les arrêts, c’est assez secoué. On zigzague entre les motos, les vélos, les vaches, les vendeurs à la sauvette, les voitures qui doublent en face, les camions qui traînent, les nids-de-poule, les enfants qui traversent, et que sais-je encore, le tout sur un bruit de klaxon permanent, l’histoire de dire : "dégagez, on arrive"... Bref. Tout ça a pris un peu plus de temps qu’en bus, et quand je suis enfin arrivé à bon port, il était déjà trop tard pour vous rejoindre.


Ainsi donc, mon week-end phnom-penhois (le premier depuis cinq semaines) fut bon. Hormis qu'il a duré trois jours, qu’en retenir ? Vendredi : passage à l'ambassade pour retirer ma carte de "Français établi hors de France"; connaissance de Charles, un nouveau coopérant arrivé il y a trois semaines; petit tour au psar Thmey, le marché central dont je vous ai déjà parlé il y a quelques semaines. Construit par un Français dans les années trente, du plus pur style art-déco, le marché est un véritable labyrinthe. Si à l’intérieur, sous la gigantesque coupole, on respire à peu près, dans les bas-côtés, c’est une autre affaire. Dans ce Capharnaüm, où chacun se faufile comme il peut, les vendeurs se disputent le moindre espace possiblement exploitable (lire ici). Vendredi toujours : messe mensuelle (en Français) des coopérants, pizzas party (sans riz!), et passage au Memphis, un dancing d'expats où un groupe local chante en Anglais et en Français (dont "Femme libérée" de Cookie Dingler...) ; samedi : petit tour à l’aéroport pour le départ (définitif) de Vincent, un confrère en poste depuis deux ans. Dimanche : messe dominicale (en Khmer), et petit tour dans Phnom-Penh avec Philibert, un autre coopérant.
En dehors de mon week-end "à la capitale", que dire d’autre sur ma semaine ? Assez sédentaire, je n’en ferai pas une tartine. Simplement, signalons qu’elle fut bruyante, pour ne pas dire cacophonique. Et pour cause : un voisin était mort la semaine d’avant, et la tradition khmère veut que durant les sept jours suivants son décès, une cérémonie soit organisée pour lui faire comprendre qu’il est bien mort, et ainsi éviter qu’il ne revienne en fantôme. En fait, il est indispensable de réussir les funérailles, sinon le séjour du mort entre deux existences serait raté, et le disparu reviendrait réclamer réparation à la famille. Ainsi fait-on venir une "troupe" de bonzes, qui pendant sept jours, se relaient de quatre heures du matin jusqu’à 8 ou 9 h du soir, pour chanter (et surtout hurler) dans un porte-voix grésillant des chants lancinants en langue sacrée que personne ne comprend (lire ici un article très intéressant sur le culte du bruit au Cambodge). Promiscuité oblige, nous étions même parfois obligés de crier dans le bureau pour nous entendre. Et si jamais il y avait une pause (rare), elle n’était que de courte durée : le temps sans doute de changer de bonze. Bref. Voila une tradition locale qui, disons-le, est un peu fatigante. D’autant plus que je ne suis pas certain que le porte-voix soit un instrument traditionnel. Moralité : quand la tradition s’équipe, les morts font un bruit d’enfer.
Voila ce que je peux vous dire chers amis ce cette septième semaine passée au royaume khmer. Samedi, Mgr Susairaj, le vicaire apostolique, est rentré d’Europe, et notamment d’Italie où sa visite ad limina à Castel Gondolfo s’est apparemment bien passée. Enfin voila. Je vais devoir vous laisser. Je vous souhaite à tous une bonne semaine, et vous dis à la semaine prochaine pour d’autres aventures. Et bien sûr, la pensée de la semaine :
"Plus y’a d’fous, moins y’a d’riz" (Confucius ? Coluche ?)... ».

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