Thursday, April 24, 2008

Semaines 35 & 36 : 2552.

-----------------------AVIS DE RECHERCHE-----------------------

LES MEP SONT À LA RECHERCHE DE VOLONTAIRES POUR L’ANNÉE À VENIR. SI VOUS CONNAISSEZ DES JEUNES (VOUS-MÊME ?) EN QUÊTE D’AUTRES CIEUX ET MOTIVÉS POUR METTRE LEURS COMPÉTENCES AU SERVICE DES AUTRES POUR UNE DURÉE DE QUELQUES MOIS À DEUX ANS, N’HÉSITEZ PAS À LEUR FAIRE PASSER LE MESSAGE (JE VOUS ASSURE : C'EST SUPER). POUR PLUS DE PRÉCISIONS, CLIQUER ICI.

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Le Mékong à Kompong Cham.



La tour cham.



22 avril. Je décolle dans trois mois exactement. En attendant, l’aventure continue, et je me reprends ce soir à la textualiser.

Où en étais-je ?

Ah oui tiens. Pour une fois, commençons par le début. Lundi matin, 35e semaine : Phoeung, dans sa tournée des au revoir, petit-déjeune à la maison des coopérants. Elle se barre jeudi en Malaisie, où elle a trouvé un boulot. Dans la foulée, et avant même de reprendre la route pour Kompong Cham, je fais halte à Vietnam Airlines, rue 214, pour y acheter un billet pour Hanoi. Et pour cause : quatre amis débarquent début mai de Paris et de Manille pour un séjour en Indochine. Je les accompagnerai. Pour l’heure, nous prévoyons une semaine au Cambodge, et six jours au Vietnam, avec un avion Siem Reap-Hanoi le 7 au soir.

À Kompong Cham, je retrouve Laurent – un volontaire MEP en mission dans un village de Vietnamiens à côté de Phnom Penh -, sa cousine, sa sœur et son beau-frère. D’emblée, nous partons faire une balade en moto, du côté de l’aéroport de Kompong Cham (en fait une piste d’environ deux kilomètres construite vers 1970 pour les B-52 états-uniens qui ne s’y sont parait-il jamais posés). De là, nous nous enfonçons dans la campagne, sur une piste magnifique, et traversons un coin de monde qui m’était resté jusque-là inconnu.

Mardi matin, Laurent et sa clique repartent pour Phnom Penh. La semaine se poursuit dans le calme provincial, il est vrai un peu mis à mal ces temps-ci par l’arrivée de deux séminaristes (un Guatémaltèque et un Coréen) qui se sont installés pour quelque temps à l’évêché. Parallèlement, j’apprends que mes amis parisiens n’ont pas pu avoir de place dans le même avion que moi. Relax, take it easy. Nous n’avons pas le choix : tous les avions sont pleins le 7, il nous faut donc changer de programme. Nous embarquerons finalement le 6, ce qui nous laissera une journée de plus au Vietnam. Et cette fois-ci, c’est la bonne : nous avons tous une place. Entre-temps, j’ai retrouvé sur Facebook un camarade de promotion que j’apprends installé à Hanoi, et chez qui nous coucherons le 6 au soir ; à ses dires, ce sera le camping.

Entre-temps toujours, nous m’avons enfin trouvé un successeur, qui n’arrivera qu’en septembre, et dont la sœur se marie cet été avec un de mes cousins. Une fois de plus, la boucle est bouclée.

Dimanche, les festivités du nouvel an khmer commencent. Je passe la journée à Phum Thmey, où une grande fiesta est prévue le soir même. Dans l’après-midi, des jeux façon scoute sont organisés : course de sac, crever de ballons de baudruche, remplissage de bouteilles à la bouche. Devant l’église, à 19 heures, sous la triste lumière de six tubes néons qui font rappliquer tous les moustiques de la région, cinq de mes élèves font une représentation de danses traditionnelles. Montre en main, cet instant culture dure quelque cinq minutes. Bientôt, un groupe électrogène permet à 6 x 200 watts d’inonder la campagne alentour de la traditionnelle Macarena remasterisée et autres tubes techno aux couleurs locales. Les gens arrivent de toutes parts, et les jardins de l’église se meuvent rapidement en discothèque. Il y a là une bonne partie du village. Quelque 400 personnes remuent en rythme, portées par les basses que les chiens ont bien du mal à battre. C’est party. Avant d’en avoir marre, je rentre à Kompong Cham, retrouver le temps d’une nuit le calme et la tranquillité.

Repas du 1er d’l’an. Miam...



« Qu’est-ce qu’on rigole. »



Apparition.



Mardi, 3e jour des festivités, nous allons tous à Koh Roka, pour une messe et un grand déjeuner. Dans l’après-midi, personne n’échappe à la traditionnelle bataille d’eau du nouvel an, qui fait rage chaque année dans toute l’Asie du Sud-est. Nous passons en 2552 du calendrier bouddhique trempés de la tête aux pieds. Transit.

Mercredi, jeudi, vendredi : RAS. Samedi, Célia – une camarade de promotion elle aussi – et Bertrand débarquent en bus à Kompong Cham. En vadrouille dans la péninsule, ils y font un crochet pour me voir. Je me réjouis de cette attention, et m’en vais les promener en moto à Chup (je n’en dirai aujourd’hui rien, me contentant de vous renvoyer à mes chroniques précédentes) et ailleurs. Le soir, nous dînons à l’évêché, avec des ecclésiastiques en veux-tu en voilà. Dans la soirée, une binouze en front de fleuve est l’occasion de faire la connaissance de Franck, le Rennais qui a repris le bar de l’Anglais parti vendre des voitures en Australie.

Dimanche, nous prenons le 1er bus pour Phnom Penh, où j’aimerais acheter mon visa vietnamien. Là, nous retrouvons les compères habituels, ainsi que quatre pseudo-Vendéens arrivant de Paris, de Londres, de Vienne, et venus visiter leur pote Philibert. Autant vous dire que la maison des coopérants est pleine. Après quelques ronds en moto pour découvrir la ville, nous dînons à 12 chez l’Indien, avant que quelques-uns d’entre nous n’aillent enterrer la semaine dans un bar à hôtesses, où à ce qu’on m’a dit le Père Denis a ses habitudes (ndlr: soucieux de sortir fût-ce un temps de leur misère ces malheureuses filles, il y vient leur parler de la pluie et du beau temps, les changeant au passage de d’habitude).

Voilà. Ma 36e semaine s’achève sous des températures caniculaires. Le mois d’avril est ici le plus chaud de l’année. On ne perd naturellement rien pour attendre : dans un mois, la saison des pluies devrait doucement commencer.
Je m’arrête donc là. Mais n’en oublie pas la pensée de la semaine : "Il faut perdre la moitié de son temps pour pouvoir employer l’autre." [John Locke – Essai philosophique concernant l’entendement humain - 1690].

Paix à la société des hommes.

Thursday, April 10, 2008

Semaines 33 & 34 : ich hatt’ einen kameraden.

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Bonsoir à tous,

33 et 34. 67. Me r’voilà. Entre deux alka-seltzer imaginaires, je m’y remets. Tagada tagadoigt.

Vu le condensé d’activités des deux dernières semaines, à mon avis, je vais en oublier pas mal. De ma 33e semaine, retenons la visite de Bruno, un compère MEP phnom penhois, et de son supérieur de séminaire de Bordeaux. « Souviens-toi, c’était un jeudi » (Joe Dassin). Comme je le fais pour chacun de mes visiteurs, je m’en vais les promener à Chup. Cette fois-ci, je les y mène en voiture, et Dimitri est de la partie. Pour ce qui est de la plantation Chup, je n’y reviens pas de peur de vous la faire connaître par coeur avant que vous n’y ayez mis les pieds. Vendredi, départ en voiture pour Phnom Penh, avec les mêmes. C’est la première fois que je fais Kompong Cham – Phnom Penh au volant. Cette portion de la RN7, avec une moyenne de 50 km/h, ne pète pas des briques. M’enfin. A 11h30 – tenez-vous bien c’est très intéressant -, j’ai rendez-vous chez le dentiste pour qu’il m’enlève deux caries, dues je pense à mon excès de Coca-Cola qui coule ici à flot. Ensuite, je retrouve mes compères à la maison des coopérants, pour le partage d’Evangile mensuel et la messe suivie de la maintenant traditionnelle « pizze partie ».
Le samedi est tranquillement phnom penhois. Dimanche, pour peu de temps, je rentre à Kompong Cham : Mgr me demande de repartir dès le lendemain pour Phnom Penh, pour y conduire un père MEP de Bangalore en visite dans le coin, et une petite fille moribonde et ses deux parents (atteinte d’un cancer foudroyant, j’ai appris qu’elle est morte deux jours après. Paix à son âme.)

Lundi donc, me revoilà à Phnom Penh. Je suis invité à déjeuner à la maison MEP, le QG des Missions Étrangères de Paris au Cambodge. Je retrouve là quelques bons pères en repos, et le jeune P. Vincent, qui vient d’arriver au Cambodge. Rien à r’dire : la table est bonne.

Dans l’après-midi, je vais à l’évêché, filer un léger coup de main à Philibert, mon presque alter ego phnom penhois, en charge de la compta.
Mardi, Charles, Philibert et moi déjeunons avec Cécile, une amie d’amie parisienne arrivée récemment pour coordonner un ouvrage sur l’histoire de la monnaie cambodgienne.

Dans l’après-midi, Dimitri débarque de Prey Vêng qu’il vient de quitter pour la dernière fois. Et pour cause : arrivé au terme de sa mission, il s’en retourne demain à Paris.

Le soir, resto pour marquer l’coup, à coups de tournedos et autres régals. Mercredi, déjeuner à la maison PIME, quartier général du Pontificio Istitute Missioni Estere au Cambodge, avec, entre autres, le staff de Prey Vêng (Damo, Phoeung, Dimitri, le Père Alberto). Petit bout d’Italie égaré en Orient, la maison PIME, avec ses airs de palacio napolitain, est agréable ; l’on s’y sent ailleurs. Départ à 18h pour l’aéroport, où nous retrouvons nos compères MEP. Les au revoir fusent et la dernière binouze coule. Ich hatt’ einen kameraden.

"la dernière binouze"



Dans la foulée, Charles, Philibert, Bruno, Marie et moi partons dîner chez les Beuniot, des expats récemment arrivés au Cambodge, et que j’avais croisés à Vézelay l’année dernière. Leur maison, aux airs de villa de bord de mer et située dans le Neuilly local, me donne la fugace impression de quitter l’Indochine.
Jeudi matin, je rentre à Kompong Cham, où je me réattelle à mon bureau pour deux petits jours. Samedi matin, je profite d’une descente vers le sud de deux voitures de l’évêché pour retourner à Phnom Penh, où j’arrive pour déjeuner. Après la messe francophone où je retrouve une bonne partie de têtes connues, nous (les coopérants) sommes invités au pot de départ des Delaunet, dont je vous ai déjà parlé et depuis chez qui, le jour de la Fête des Eaux, nous avions regardé les courses de pirogues et le feu d’artifice (lire ici). Jusque là, lui était directeur de l’aéroport de Phnom Penh, et son carnet d’adresses en est naturellement bien rempli ; hormis une soixantaine de serveurs, il y a là tout le gratin expat’ phnom penhois, dont l’ambassadeur de France. Verdict : c’était bien sympathique, et on a bien bouffé.

Dimanche matin, avec Rémi, Li-Heng (un Cambodgien que mon frère Arnauld a bien connu lors de son passage au Cambodge il y a deux ans), les Dabady (d’autres expats bien sympathiques) et les Beuniot on s’est offert la « 13th annual Mekong river swim », id est la 13e édition de la traversée du Mékong à la nage, organisée par des Anglo-saxons. C’était assez transit. Mauvais nageur averti, j’ai mis un peu plus de 14 minutes pour m’avaler les 580 mètres qui séparent le deux rives, soit sept minutes de plus que le premier, mais – ouf ! - 12 minutes de moins que le dernier - un Khmer qui s’est effondré directement dans une civière à son arrivée...-. Bref.

Au loin, nous nageons.



Moi.



"Nous" (les Beuniot, ?, les Dabady, Li-Heng, Moi, Rémi).
[Pour d’autres photos, cliquer ici].



Le soir, projection de « Il n’y a pas de plus grand amour », la première partie de la trilogie japonaise « La condition de l’Homme » (réal. Masaki Kobayashi – 1959), dans le salon des Beuniot, sur un écran mural aux airs de Gaumont Pathé. Cet imposant film de 3 heures 30 explore, d’un côté, l’injustice chronique des hommes, de l’autre, le déchirement intérieur d’un cadre japonais pris d’humanisme pour les ouvriers mandchous qu’il est en position de pouvoir exploiter (ça se passe en 1943). Je vois là une fresque cinglante de la réalité de l’homme et de son interminable cri.



Sur ce, ma 34e semaine s’achève. Pour ne pas me noyer dans les détails, je préfère m’arrêter là ; sans oublier la pensée de la semaine : « L’Homme a été taillé dans un bois si tordu qu’il est douteux qu’on en puisse jamais tirer quelque chose de tout à fait droit. » [Emmanuel Kant].
A bon entendeur.