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Le Mékong à Kompong Cham.
La tour cham.
22 avril. Je décolle dans trois mois exactement. En attendant, l’aventure continue, et je me reprends ce soir à la textualiser.
Où en étais-je ?
Ah oui tiens. Pour une fois, commençons par le début. Lundi matin, 35e semaine : Phoeung, dans sa tournée des au revoir, petit-déjeune à la maison des coopérants. Elle se barre jeudi en Malaisie, où elle a trouvé un boulot. Dans la foulée, et avant même de reprendre la route pour Kompong Cham, je fais halte à Vietnam Airlines, rue 214, pour y acheter un billet pour Hanoi. Et pour cause : quatre amis débarquent début mai de Paris et de Manille pour un séjour en Indochine. Je les accompagnerai. Pour l’heure, nous prévoyons une semaine au Cambodge, et six jours au Vietnam, avec un avion Siem Reap-Hanoi le 7 au soir.
À Kompong Cham, je retrouve Laurent – un volontaire MEP en mission dans un village de Vietnamiens à côté de Phnom Penh -, sa cousine, sa sœur et son beau-frère. D’emblée, nous partons faire une balade en moto, du côté de l’aéroport de Kompong Cham (en fait une piste d’environ deux kilomètres construite vers 1970 pour les B-52 états-uniens qui ne s’y sont parait-il jamais posés). De là, nous nous enfonçons dans la campagne, sur une piste magnifique, et traversons un coin de monde qui m’était resté jusque-là inconnu.
Mardi matin, Laurent et sa clique repartent pour Phnom Penh. La semaine se poursuit dans le calme provincial, il est vrai un peu mis à mal ces temps-ci par l’arrivée de deux séminaristes (un Guatémaltèque et un Coréen) qui se sont installés pour quelque temps à l’évêché. Parallèlement, j’apprends que mes amis parisiens n’ont pas pu avoir de place dans le même avion que moi. Relax, take it easy. Nous n’avons pas le choix : tous les avions sont pleins le 7, il nous faut donc changer de programme. Nous embarquerons finalement le 6, ce qui nous laissera une journée de plus au Vietnam. Et cette fois-ci, c’est la bonne : nous avons tous une place. Entre-temps, j’ai retrouvé sur Facebook un camarade de promotion que j’apprends installé à Hanoi, et chez qui nous coucherons le 6 au soir ; à ses dires, ce sera le camping.
Entre-temps toujours, nous m’avons enfin trouvé un successeur, qui n’arrivera qu’en septembre, et dont la sœur se marie cet été avec un de mes cousins. Une fois de plus, la boucle est bouclée.
Dimanche, les festivités du nouvel an khmer commencent. Je passe la journée à Phum Thmey, où une grande fiesta est prévue le soir même. Dans l’après-midi, des jeux façon scoute sont organisés : course de sac, crever de ballons de baudruche, remplissage de bouteilles à la bouche. Devant l’église, à 19 heures, sous la triste lumière de six tubes néons qui font rappliquer tous les moustiques de la région, cinq de mes élèves font une représentation de danses traditionnelles. Montre en main, cet instant culture dure quelque cinq minutes. Bientôt, un groupe électrogène permet à 6 x 200 watts d’inonder la campagne alentour de la traditionnelle Macarena remasterisée et autres tubes techno aux couleurs locales. Les gens arrivent de toutes parts, et les jardins de l’église se meuvent rapidement en discothèque. Il y a là une bonne partie du village. Quelque 400 personnes remuent en rythme, portées par les basses que les chiens ont bien du mal à battre. C’est party. Avant d’en avoir marre, je rentre à Kompong Cham, retrouver le temps d’une nuit le calme et la tranquillité.
Repas du 1er d’l’an. Miam...
« Qu’est-ce qu’on rigole. »
Apparition.
Mardi, 3e jour des festivités, nous allons tous à Koh Roka, pour une messe et un grand déjeuner. Dans l’après-midi, personne n’échappe à la traditionnelle bataille d’eau du nouvel an, qui fait rage chaque année dans toute l’Asie du Sud-est. Nous passons en 2552 du calendrier bouddhique trempés de la tête aux pieds. Transit.
Mercredi, jeudi, vendredi : RAS. Samedi, Célia – une camarade de promotion elle aussi – et Bertrand débarquent en bus à Kompong Cham. En vadrouille dans la péninsule, ils y font un crochet pour me voir. Je me réjouis de cette attention, et m’en vais les promener en moto à Chup (je n’en dirai aujourd’hui rien, me contentant de vous renvoyer à mes chroniques précédentes) et ailleurs. Le soir, nous dînons à l’évêché, avec des ecclésiastiques en veux-tu en voilà. Dans la soirée, une binouze en front de fleuve est l’occasion de faire la connaissance de Franck, le Rennais qui a repris le bar de l’Anglais parti vendre des voitures en Australie.
Dimanche, nous prenons le 1er bus pour Phnom Penh, où j’aimerais acheter mon visa vietnamien. Là, nous retrouvons les compères habituels, ainsi que quatre pseudo-Vendéens arrivant de Paris, de Londres, de Vienne, et venus visiter leur pote Philibert. Autant vous dire que la maison des coopérants est pleine. Après quelques ronds en moto pour découvrir la ville, nous dînons à 12 chez l’Indien, avant que quelques-uns d’entre nous n’aillent enterrer la semaine dans un bar à hôtesses, où à ce qu’on m’a dit le Père Denis a ses habitudes (ndlr: soucieux de sortir fût-ce un temps de leur misère ces malheureuses filles, il y vient leur parler de la pluie et du beau temps, les changeant au passage de d’habitude).
Voilà. Ma 36e semaine s’achève sous des températures caniculaires. Le mois d’avril est ici le plus chaud de l’année. On ne perd naturellement rien pour attendre : dans un mois, la saison des pluies devrait doucement commencer.
Je m’arrête donc là. Mais n’en oublie pas la pensée de la semaine : "Il faut perdre la moitié de son temps pour pouvoir employer l’autre." [John Locke – Essai philosophique concernant l’entendement humain - 1690].
Paix à la société des hommes.
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