Saturday, September 22, 2007

Semaine 6 : suivre la ligne blanche.

Mesdames Messieurs bonsoâââââr. Bienvenue sur louis-cambodge, le blog qui vous tient informés d’un crapahutage cambodgien. Comme chaque semaine, Louis, en direct de Kompong Cham, vous raconte ses aventures au royaume khmer, et en profite pour vous présenter le pays, son histoire, ses moeurs, et ses habitants. Aujourd’hui, dans sa célèbre chronique hebdomadaire (ndlr : on y croit presque), votre humble serviteur (bis repetita) fait le récit de sa sixième semaine passée à l’autre bout du monde :


« Euh oui. Donc. "Sixième semaine" disiez-vous, mais permettez-moi d’abord de revenir sur ma chronique précédente, et de raconter à notre cher auditoire mon retour d’Oreang Ou que je racontais trop brièvement la semaine passée. En effet, ce trajet en moto, "sous des hallebardes" comme je disais dans ma précédente chronique, a été quelque peu distrayant, pour le commun des mortels que je suis. Et pour cause : je vous rappelle le contexte : 1) sur une première moto : deux compères cambodgiens. 2) sur une seconde moto : moi. Au retour donc, disais-je, l'aventure a commencé. Partis vers 17h50 d’Oureang Ou (soit à dix minutes de la nuit noire), nous n’étions pas partis depuis trois minutes que la pluie (qui ne devait pas s’arrêter jusqu’à notre arrivée à Kompong Cham) s’est mise à tomber à torrents. Lorsque la nuit est arrivée, le mélange pluie+obscurité n’a pas été pour nous aider. Résultat: mes lunettes pleines de flotte m'empêchaient de voir (c'est le comble), alors que les deux compères fonçaient à toute allure, poussés par la peur d'être attaqués par des bandits de grands chemins, qui, parait-il, sévissent dans les plantations d'hévéas que nous étions justement en train de traverser. Cependant, ils ne m'avaient rien dit. Et comme je n'y voyais vraiment rien et que j'avais peur de me prendre le bas coté de la route, je me suis arrêté, seul dans le noir, sous des trombes d’eau. Eux continuaient d'avancer sans m'attendre, le feu arrière de leur moto disparaissant peu à peu dans le lointain de la nuit. Le truc, c'est que quand on ne roule pas, et ben les phares s'arrêtent. Résultat pour ma pomme : solitude solitaire dans un noir total. Heureusement (je dis « heureusement », mais sur le moment je trouvais la situation plus cocasse qu'autre chose : moi, seul dans la pampa cambodgienne. Trop bieeeeeeen), les compères ont fini par revenir au bout de cinq minutes affolés à l'idée que j'eusse été kidnappé. Bref. Plus de peur que de mal. Sur ce, mon confrère de la seconde moto m'a donné son truc: fixer des yeux la ligne blanche du bas-côté de la route (péniblement éclairée par les phares) et foncer. Certes, mais comment on fait quand on n'voit rien ou qu'y a pas d'ligne? Verdict : on fonce quand même.... pour l’anecdote : nous nous sommes fait doubler par une moto sans phare, avec quatre passagers. Qui sont les tarés dans l’affaire ?


Enfin voila donc pour la cinquième semaine je crois. Passons comme vous l’annonciez à l’instant à ma sixième semaine dont il faut retenir qu’elle a été assez agitée. Lundi tout d’abord. Comme je vous l’avais annoncé dans ma chronique précédente, il s’agissait d’aller inaugurer une crèche dans un village de la province. Le village en question était Tmoh Peth, situé à une petite trentaine de kilomètres de Kompong Cham, au-delà du Mékong. Nous y sommes allés en voiture. Le village est situé en bout de piste, bien souvent cabossée, au nord de la plus grande plantation d’hévéas du pays : la plantation Chup. Là, l’inauguration en grande pompe de ce centre catholique réunissait une petite foule. Le gouverneur du district assis à coté des prêtres orchestrant le projet, un spectacle de danse traditionnelle (sur de la musique crachée là encore par un mur d’enceintes impressionnant), un portrait du pape et du roi Sihamoni côte à côte, des drapeaux du Vatican et du Cambodge réunis : autant d’indices qui nous montrent que l’Eglise et le Royaume du Cambodge entretiennent aujourd’hui de cordiales relations (les deux pays ont renoué leurs relations diplomatiques en 1994). Le tout s’est terminé sur un repas copieux, offerts à la centaine de convives. Pour le retour, un certain Ta Pen, qui garde l’évêché la nuit, m’a proposé de rentrer avec lui en moto. Ta Pen, qui parle à peu près Français, a travaillé près de trente ans dans l’usine Chup. Aussi nous-sommes nous arrêtés pour visiter le site.

Avec plus de 20000 hectares (capacité maximale de 550 arbres par hectare : l’hévéaculture obéit à des règles très strictes), la plantation Chup, disais-je, est la plus grande de tout le pays. L’ensemble, immense, forme une sorte d’hacienda, avec ses maisons ouvrières, la maison du directeur, certainement très belle, mais cachée derrière ses murs, son hôpital, ses pistes, etc. Jusqu’à 4250 ouvriers se partagent leur temps pour récolter le latex retenu dans chacun des petits pots accrochés à chacun de arbres, et dont je vous parlais déjà la semaine dernière (pour un complément d’informations sur les conditions de travail des ouvriers, lire ici). La saignée est en spirale, tout autour du tronc, afin de faire couler le latex, un peu comme sur un pas de vis. Celui-ci, après un premier transvasement dans un seau, est versé dans un camion citerne qui rejoint l’usine assez rapidement, pour de ne pas laisser au latex le temps de coaguler sur place. L’usine Chup remonte, je crois, aux années vingt. En réalité, sur place et en apparence, hormis le travail vieillissant du temps, rien ne semble avoir vraiment changé depuis le départ des Français (d’ailleurs, si il y a un directeur local, j’ai crû comprendre que c’est encore un Français qui gère plus ou moins tout ça depuis Paris) et, quelque part, le site respire la nostalgie. Les camions datent apparemment des années 50, un bus qui devait autrefois servir à transporter les ouvriers attend aujourd’hui que la rouille finisse de le disséquer, la pompe à carburant interne remonte certainement à l’administration française, et les installations de l’usine elle-même ne sont sans aucun doute pas beaucoup plus récentes. Ne voit-on pas çà et là des plaques Pont-À-Mousson ? Bref. En quelques mots, la fabrication du caoutchouc, c’est d’abord une première coagulation du latex dans des sortes de petites piscines, puis c’est le passage dans une sorte de blanchisseuse ; vient ensuite une seconde coagulation dans une sorte de bassin tout en longueur. La grande bande de latex caoutchouteux ainsi obtenue est passée dans un rouleau qui écrase et qui chauffe le latex coagulé, faisant jaunir le tout, qui devient du caoutchouc. Je vous épargne les détails, mais à la fin, ça sort en cube de trente-trois kilos, ça sent la balle rebondissante de notre enfance, et c’est emballé dans des caisses de bois qui contiennent chacune 1200 kg de caoutchouc. En période creuse comme ça l’est actuellement, l’usine produit 20 tonnes par jour, vendues à l’étranger. Cette visite est très intéressante, et je conseille à nos auditeurs de passage dans la région de faire un détour par l’usine Chup.


Bref. Passons à mardi. Mardi donc, comme je vous l’avais également annoncé la semaine dernière, nous sommes partis à Sihanouk Ville, située à 230 km au sud-ouest de Phnom Penh, sur le Golfe de Thaïlande. Apres avoir traversé le Mékong en ferry local, sorte de barge qui ferait tomber en apoplexie nos technocrates bruxellois, nous avons emprunté la RN4 qui mène à la première station balnéaire du pays. La route, financée par les Américains, traverse le sud-est des Cardamomes, le massif montagneux le plus important du pays, dont le Mont Aural et ses 1771 mètres est le point culminant. Traversées par quelques rares routes, les Cardamomes sont une véritable jungle, refuge des (presque) derniers tigres, éléphants, léopards, et ours sauvages du Cambodge. Le paysage est magnifique, percé par quelques cascades impressionnantes. A coté, la région de Kompong Cham, plate à perte de vue, fait figure de Belgique brelienne, La ville de Sihanouk elle-même, a surgi de la jungle à la fin des années 50, sur le projet du roi éponyme d’en faire le premier et unique port en eaux profondes du pays. La RN4 facilita alors son explosion touristique. Rebaptisée Kompong Som à la chute du roi en 1970, elle a recouvré son ancien nom en 1993 (néanmoins, les deux noms coexistent). Ainsi, nous sommes arrivés à Sihanouk après avoir roulé à peu près toute la journée. Je dis « nous », parce que nous étions tout un groupe venu de tous les coins du pays pour une grande réunion de la Société Saint-Vincent-de-Paul, formant ainsi un véritable convoi. Nous étions logés à la « catholic Church » qui possède un vaste terrain sur les hauteurs de la ville, parsemé de nombreux bâtiments. Malgré l’heure tardive de notre arrivée, nous avons eu le temps d’aller faire un saut à la plage, au sable blanc et bordée d’arbres et de paillotes. Là, nous nous sommes goinfrés des calamars grillés, spécialités locales préparées et vendues à même la plage par quelques gagne-misère de toute sorte. Assurément, la baignade facilita la digestion. Le soir, la réunion SSVP, rassemblant une bonne centaine de membres dans une sorte de théâtre, était très bien organisée. Les conférences de tout le pays étaient présentées une à une, et en tant que membre de la Conférence Saint-Lazare (paroisse St-André-de-L’Europe, Paris 8e), j’ai eu droit de monter sur la scène pour y dire quelques mots à l'assistance (en Khmer...).
Mercredi : journée partagée entre réunion SSVP et plage, où nous sommes allés en voiture. Dix sur le toit, une vingtaine à l’intérieur. Qui dit mieux.
Jeudi, comme annoncé, retour en bus à Kompong Cham, via Phnom Penh, et un saut au Sorya, un centre commercial à l’occidental qui jure avec son environnement immédiat (le marché central). Et voila. Ma semaine s’achève à Kompong Cham, dans la sérénité du lieu. Je n’irai à Phnom Penh que le week-end prochain, et cette fois-ci, j’irai. Que vous dire de plus chers auditeurs que bonne semaine ? Pas grand chose très certainement. Je vais maintenant rendre l’antenne, et profite de ces derniers instants pour vous redire toute mon affection. A la semaine prochaine, et portez-vous bien. »

« Ah oui c’est vrai, pardon, j’oubliais la pensée de la semaine : "Pour se nourrir, les Japonais mangent du riz sans blanquette! J'en ris encore." (Pierre Desproges, dans Les Etrangers sont nuls)... »

Sunday, September 16, 2007

Semaine 5 : la forêt bicolore.

Et de cinq ! Je me répéterais à dire que le temps passe à toute allure, aussi n’y aurez-vous pas droit. Tout comme la précédente, cette cinquième semaine n’aura pas été comme annoncée. Tout comme la précédente, cette cinquième semaine aura vu son week-end phnom-penhois repoussé. Et Phnom-Penh attendra encore, quinze jours s’il le faut. Bref. Me voilà vous raconter tout ça depuis Kompong Cham, où j’ai trouvé un cyber qui marche mieux que le soi-disant meilleur de tout Phnom Penh. On n’arrête pas l’progrès. Ceci dit, que vous raconter pour cette semaine étrangement calme ? Ma « sortie » de la semaine aura été hier : nous sommes allés en moto à Oreang Ou, gros bourg situé à quarante kilomètres de Kompong Cham, au-delà du Mékong. La route est magnifique. Les dix premiers kilomètres, ce ne sont que des rizières et des palmiers à sucre à perte de vue, le tout configurant le paysage le plus cambodgien qui soit. Mais lorsque l’on tourne à droite (vous saurez tout) au kilomètre (à peu près) 10, ça change du tout au tout. Nous voilà plongés dans les plantations d’hévéas qui font la réputation de la province de Kompong Cham. Développée par les Français sous le Protectorat, la culture de l’hévéas a quelque chose de notre forêt landaise : des dizaines de milliers d’arbres alignés en long, en large, en travers, sur des milliers et des milliers d’hectares. La route qui traverse a pour seuls virages des angles droits. Le spectacle a quelque chose de déroutant (sans jouer sur les mots bien sûr). A chaque arbre son petit pot suspendu pour récolter le latex, qui sera bientôt du caoutchouc. Les entailles finissent par faire changer les troncs de couleur. A hauteur d’homme (plus trois marches d’escabeau parfois), les arbres changent de couleur, et la forêt s’en retrouve métamorphosée : elle est bicolore. Noire au sol (il semble que les cicatrices laissées par les entailles noircissent avec le temps), plus claire au-dessus: double couche. Après des kilomètres d’arbres blessés rectilignes, nous avons fini par arriver à Oreang Ou, où le diocèse a également un projet éducatif (un centre de jeunes étudiants que nous avons visité). Puis nous sommes repartis dans le sens inverse, sous des hallebardes.
Une chose que je pourrais brièvement vous décrire ce soir, c’est l’habitat cambodgien traditionnel. En tout et pour tout, le Cambodgien vit dans un maison, bien plus proche d’une cabane que d’un préfabriqué Bouygues. Cette maison, sur pilotis aussi bien pour se protéger des inondations, des animaux, que des mauvais esprits du sol, est bien souvent constituée d’une grande pièce à vivre, et deux autres petites pièces qui servent de chambre aux parents et aux jeunes filles. Lorsque le lit n'est qu'une simple paillasse, un ventilateur et une télévision font office de seuls « meubles ». S'il y a lit, il sera sans matelas. Sous la maison, c’est la cuisine, avec un foyer et quelques gamelles pour seuls indices. On prend les repas sur une grande natte, en commun, le tout se disant "niam bay", c’est-à-dire "manger le riz"... Autour de la maison, un espace, s’il n’est pas balayé à longueur de temps, se voit utilisé aussi bien en poulailler quand il y des poules, en pré à vaches quand il y a une vache (ou deux), en atelier de réparation, en terrain de saï (sorte de badminton, très populaire au Cambodge), ou en je ne sais quoi d’autre. Parfois, il y a un puits. Toujours, il y a des autels, disposés un peu partout, et destinés aux ancêtres, à l'esprit de la maison censé venir protéger ses habitants, aux génies, et au Bouddha bien entendu. Je pourrais m’étaler davantage, mais il faut que j’aille dîner. A l’évêché. Qui n’a rien d’une maison traditionnelle. Programme de la semaine 6:
- demain : inauguration d’une crèche Thmoh Peth, un village de la province.
- mardi : départ pour Sihanouk Ville, où il y a une réunion pour la Société St-Vincent-de-Paul. Retour prévu : jeudi.

Le carnet du jour: Julien est né, chez ma soeur Fabienne et mon beau-frère Rémi. Bravo !

Pensée de la semaine 5 : « Riz : trois lettres, comme dans le mot blé, mais entre ces deux nourritures fondamentales, il y a la distance de deux groupes de civilisations » (Michel Tournier, extrait de Petites Proses).

Aidez directement la Préfecture apostolique de Kompong Cham.

Chers amis et parents,


Il y a une autre manière de participer à ma mission. Vous savez maintenant que je suis volontaire MEP envoyé en coopération au Cambodge pour donner un coup de main, aussi humble soit-il, à la Préfecture apostolique de Kompong Cham. Aussi, sans détour, je vous invite à faire un don directement à l’intention de l’Eglise qui m’accueille, à savoir celle de Kompong Cham. Non pas que je ne veuille pas en faire profiter d’autres, mais pour que vous sachiez exactement où sera dépensé votre argent. Certains d’entre vous auraient effectivement tout à fait le droit de préférer cette option à la première.

Pour ce qui est de la procédure à suivre, il faut de toute façon passer par les Missions Étrangères de Paris, en précisant que le don est à l’intention de Kompong Cham. Bien entendu, votre don, toujours à hauteur de 66% de son montant, est là aussi déductible d’impôts : vous recevrez donc un reçu fiscal.

Voilà. J’espère de tout mon coeur que cette requête ne vous aura en rien dérangés. Tout comme la première, elle n’a pas d’autre ambition que d’être à prendre ou à laisser.

Au nom de Mgr Susairaj, et par avance, je vous remercie de votre générosité.
Amicalement et familialement.

Louis.

P.S. Ci-dessous, le document à renvoyer dûment rempli avec votre don.


Je soussigné : Mme / Mlle / M
NOM :……………………………… Prénom : ………...
Adresse :……………………………….…………….....
Code postal : …………… Ville : ………………………
Numéro de téléphone en cas de besoin : …………………..
Au profit de la PRÉFECTURE APOSTOLIQUE DE KOMPONG CHAM
Pays : CAMBODGE
ou souhaite aider ……………………ponctuellement
□ Oui, je fais un don de soutien de ……… euros, par chèque
(à l’ordre du Séminaire des Missions Étrangères)
□ Je désire recevoir un reçu fiscal à l’adresse ci-dessus mentionnée
ou souhaite aider ………… régulièrement par chèque
□ Oui, je m’engage tous les mois à envoyer un chèque de soutien de ……… euros (à l’ordre du Séminaire des Missions Étrangères)
□ Je désire recevoir un reçu fiscal de la totalité de mes envois à l’adresse ci-dessus mentionnée
Chèque à renvoyer à l’adresse suivante :
Missions Étrangères de Paris
Service économat - comptabilité
128, rue du Bac - 75341 Paris Cedex 07

En mentionnant dans votre correspondance « don à l’intention de la Préfecture apostolique de Kompong Cham ».

Sunday, September 9, 2007

Parrainez-moi : faites un don aux MEP !

Chers amis et parents,


Vous qui me suivez depuis le début ou non, vous qui m’êtes fidèles ou non, je viens aujourd’hui à vous pour une toute autre affaire que d’ordinaire. Non pas pour vous conter mes aventures, non pas pour vous présenter le Cambodge à ma manière, mais pour oser parler finances. Comme vous le savez, si je suis au Cambodge, c’est en tant que coopérant MEP. Si les Missions Étrangères de Paris, qui fêtent cette année leur 350e anniversaire, m’offrent de partir cette année dans le cadre prévu par le récent statut de VSI (Volontariat de Solidarité Internationale), c’est aussi et surtout grâce aux dons des âmes généreuses. C'est pourquoi je me permets de solliciter votre solidarité, et vous propose de soutenir financièrement les MEP, qui, d’intelligence avec les valeurs de l’Evangile, oeuvrent en Asie dans des projets spirituels et éducatifs. Naturellement, votre don, à hauteur de 66% de son montant, est déductible d’impôts : vous recevrez donc un reçu fiscal.

Par ailleurs, sachez qu’une autre manière d’aider les MEP est de leur envoyer des volontaires. Aussi, si vous connaissez des jeunes en quête d’autres cieux et désireux de mettre leurs compétences et motivation au service des autres pour une durée de quelques mois jusqu’à deux ans, n’hésitez pas à leur faire passer le message !

Au nom des MEP, et par avance, je vous remercie de votre générosité.

Amicalement et familialement. Louis.

Ps. Ci-dessous, le document à envoyer avec votre don.

Je soussigné : Mme / Mlle / M
NOM :……………………………… Prénom : ………...
Adresse :……………………………….…………….....
Code postal : …………… Ville : ………………………
Numéro de téléphone en cas de besoin : …………………..
Au profit du VOLONTAIRE MEP :
NOM du Volontaire : de Genouillac
Prénom du Volontaire : Louis
Pays de mission : Cambodge / Durée de mission : 1 an
ou souhaite parrainer ……………………ponctuellement
□ Oui, je fais un don de soutien de ……… euros, par chèque
(à l’ordre du Séminaire des Missions Étrangères)
□ Je désire recevoir un reçu fiscal à l’adresse ci-dessus mentionnée
ou souhaite parrainer ………… régulièrement par chèque
□ Oui, je m’engage tous les mois à envoyer un chèque de soutien de ……… euros (à l’ordre du Séminaire des Missions Étrangères)
□ Je désire recevoir un reçu fiscal de la totalité de mes envois à l’adresse ci-dessus mentionnée
Chèque à renvoyer à l’adresse suivante :
Missions Étrangères de Paris
Service Volontariat - Parrainage
128, rue du Bac - 75341 Paris Cedex 07

En mentionnant dans votre correspondance « pour le Service Volontariat au profit de Louis de Genouillac ».

Semaine 4 : Rama et Sita, Jali et Krishna, etc.

Quatre semaines. Presque un mois. Je ne sais pas chez vous, mais ici, le temps continue de passer. A moi de passer un peu de temps pour vous raconter. Et de m’étaler un peu. Hormis le nez dans la compta et les oreilles dans le Khmer, je dois bien dire que deux choses sont à retenir : 1) d’une part, j’ai eu la chance d’être invité vendredi au mariage de la soeur d’une des cuisinières de l’évêché. Mariage bouddhiste dans la plus pure tradition khmère : les mariés accueillent les invités, et les tables sont dressées sous une sorte de tente bariolée dressée devant la maison de la mariée (voir ici). Chaque convive est prié d’apporter une participation financière ; s’en acquitter serait perçu comme insultant. Par ailleurs, je ne sais pas si c’est la tradition qui le veut, mais avant toute chose, tous mes voisins se sont mis à passer au chiffon leurs verre, bol, et couverts. Excès d’hygiène ? Le déjeuner, fort bon, est accompagné de bière locale, qui coule à flots. Pendant ce temps, les mariés, dans un ballet incessant, entrent dans la maison, en ressortent, recommencent, avec à chaque fois une tenue différente, sensée commémorer les couples célèbres : Rama et Sita, Jali et Krishna (enfant du Prince Vessantara, l’une des incarnations du Bouddha), et surtout Preah Thong (alias Kaundinya) et Soma, la fille du Naga. Vers 1 heure, il n’y a déjà plus grand monde. Nous sommes sortis de table les derniers, et avons eu droit à un peu de musique crachée par un mur d’enceintes de quatre mètres carrés. Quelques danses traditionnelles sur fond de techno, et ça repart. 2) changement de programme pour ce week-end. Phnom-Penh attendra encore une semaine, mais j’ai préféré rester dans les parages pour retourner aujourd’hui (dimanche) à Koh Roka, le village sur le Mékong dont je vous parlais la semaine dernière. Et pour cause : PrimPrey, la comptable khmère y organisait un « déjeuner sur l’herbe » (n’y voyez pas ça), avec quelques uns de ses amis et/ou jeunes villageois. Après la messe dominicale de 7 h 30 dans la nouvelle église du village, nous avons pris place sur le terrain paroissial, et je me suis laissé cuisiner un repas aux plats variés, mais tous cambodgiens (ce qui n’est pas toujours bon signe). La cuisine locale, pour un Français qui, comme moi aime le fromage, le vin et la viande rouge(s), fait souvent figure d’exotisme aventureux, et le sel en est trop souvent absent. Mais la surprise est parfois excellente, fort heureusement ; qui plus est, le riz, même nature, est nourrissant. Après notre pique-nique champêtre, sous la pluie, certains d’entre nous sont allés piquer une tête dans la rivière, qui n’est en fait pas le Mékong, mais un de ses affluents. Au temps pour moi. Après un rapide cours de danse collectif sur fond de techno 2x600W, nous nous sommes rentrés. La piste, gorgée d’eau et crevassée, m’a offert un voyage pour le moins secoué. Bref. Voilà pour ma semaine.

Je profite de ces nouvelles pour vous faire un rapide topo sur la religion au Cambodge. Pour tout vous dire, ce qui m’y fait penser, c’est que ce matin, nous avons rendu visite à une certaine Sokhim. Son nom ne vous dit sans doute rien, mais j’aurais pu déjà vous en parler la semaine dernière. Et pour cause : lors de ma première visite à Koh Roka (voir Semaine 3), Jean-Philippe m’avait emmené visiter cette chrétienne khmer d’environ trente ans, pleine de vie et de projets jusqu’à ce qu'un cancer du bassin la rende handicapée des jambes. C'était l'année dernière. Son témoignage est poignant : elle nous racontait que récemment, à l'hôpital où elle était entrée après avoir ingurgité (apparemment volontairement) un dose trop forte de médicaments, des infirmiers s'étaient moqué d'elle et de son dieu "venu la sauver". Cette attaque l'a semble-t-il bouleversée, et elle en pleurait devant nous, un crucifix au pied de sa paillasse. Peut-être plus qu'ailleurs, au Cambodge, où le bouddhisme est quasi indissociable de la nationalité, se convertir au Christianisme ou s'afficher comme chrétien est acte de foi puissant: pour beaucoup, les convertis sont des traîtres. Et pour cause : ici (comme ailleurs peut-être), être khmer, c’est être bouddhiste, et l’ensemble définit la race et la nationalité (notons néanmoins qu’en août 1996, l’assemblée nationale a succombé aux charmes de l’argent, autorisant -en théorie seulement- toute personne investissant dans le pays la somme minimale de 400 000 dollars à obtenir la nationalité cambodgienne). Cette race khmère, c’est celle des temples d’Angkor. Mais c’est aussi celle qui souffre, depuis le XIXe siècle, du « complexe » du même nom : pour la plupart des Cambodgiens, après Angkor, leur civilisation serait entrée dans une phase de régression à peu près définitive. Ainsi, en leur temps, les Khmers Rouges, comme pour donner tort aux déclinologues, eurent le projet de recouvrer la grandeur de leur race, porte ouverte à l’épuration massive de leur propre peuple et à un projet économique délirant : ramener tout le monde à la rizière pour enrichir le pays. Résultat : entre 2 et 4 millions de morts entre 1975 et 1979 + un pays ruiné en 1979. Bref. Je reviendrai plus tard sur cette période, et reprends sur la religion. Vous l’aurez compris, les religions autres que le Bouddhisme (Bouddhisme dit « du Petit Véhicule » pour ce qui est de la région) n’ont pas facilement leur place au Cambodge, même si une communauté musulmane (les Chams) est présente sur les bords du Mékong cambodgien depuis le XVe siècle (Kompong Cham, la ville où je réside, signifie « embarcadère des Chams »). Actuellement, la plus grande diversité religieuse est à compter dans la communauté vietnamienne, largement représentée, mais difficilement quantifiable ; le peu d’estime que les Khmers ont pour leurs voisins de l’Est - et vice versa - (aux cruautés vietnamiennes à l’endroit des Khmers à travers l’Histoire, à l’annexion pure et simple des territoires du delta du Mékong par le Vietnam à l’époque moderne, aux différentes tentatives de vietnamisation du Cambodge, il faut ajouter la maladresse des Français à avoir fait, durant leur présence dans la région, de la péninsule sud asiatique une Indochine principalement administrée par des Vietnamiens), l’endogamie mêlée d’exogamie, la difficulté de peser le pour et le contre de la présence vietnamienne au Cambodge (le 7 janvier 1979, l’armée vietnamienne entrait dans Phnom Penh, mettant fin au pol potisme, mais ouvrant la voie à dix ans d’occupation communiste, de guerre, et d’isolation politique du pays), l’hésitation entre inculturation et communautarisme : autant d’éléments qui brouillent les pistes de la clarification. On peut toutefois estimer à deux ou trois cent mille le nombre de Vietnamiens vivant actuellement au Cambodge. Bouddhistes d’obédience mahayana (ou du « Grand Véhicule »), catholiques (pour un quart d’entre eux) ou caodaïstes [1], sur le plan religieux, tout les sépare de leurs hôtes. Pour ce qui est du christianisme, on ne compte plus le nombre d’églises protestantes aux noms variés qui, partout, fleurissent. Quant à l’Eglise catholique du Cambodge, si je lui consacrerai plus tard un topo contemporain, pour commencer, je peux vous dire qu’elle a fêté l’année dernière ses 450 ans, et que la période Khmers Rouges lui aura valu, sinon une extermination, du moins une extinction quasi totale. Voilà pour l’heure ce que je pouvais dire sur la religion au Cambodge. Je sais que j’en oublie. Mais si le temps s’y prête, j’y reviendrai.
La pensée de la semaine : je riz.

[1] Apparu au Vietnam en 1926, le caodaïsme est un culte syncrétique vénèrant, entre autres, Bouddha, Mahomet, Jésus, Jeanne d'Arc, Pasteur, Churchill, Pasteur, Victor Hugo, et... Lénine.

Monday, September 3, 2007

Semaine 3 : là où les femmes l'ont emporté.

Le temps passe à toute allure. Et l’allure s’accélère. Je me dépêche de vous raconter tout ça. Ici, le temps semble s’être un peu rafraîchi, où alors je m’acclimate. Va savoir. De ma troisième semaine, qui fut également la dernière d’août, je ne retiendrai pour l’heure que deux choses :
- C’était aussi la dernière de Jean-Philippe (l’autre coopérant de Kompong-Cham), et la passation des pouvoirs a été un peu précipitée. Trois semaines de tuilage n’auront pas été de trop, loin s’en faut. Don’t panic quand même. Jean-Philippe m’a donc quitté hier (dimanche), et s’en est allé à Phnom-Penh, d’où il décolle pour Paris mercredi. Pour ma part : grand moment de solitude. Je suis pour l’heure le seul francophone de l’évêché et peut-être même du coin. Vu que je ne maîtrise pas encore le Khmer (et j’en suis assez loin à vrai dire), TV5 me fait parfois l’effet d’un verre d’eau à un assoiffé.
- Avant de partir, le même Jean-Philippe m’a fait faire samedi un tour des « trucs à voir dans l’coin ». A savoir : 1) Petit tour à Koh Roka, un village situé sur le Mékong, à une dizaine de kilomètres de Kompong Cham, et pour lequel l’église a mis en place plusieurs projets. Le lieu, au bout d’une piste à peine carrossable, offre sans doute au visiteur de découvrir le vrai visage du Cambodge : un pays pauvre, encore à l’écart de la mondialisation. 2) Vat Nokor, un temple du XIe siècle, épargné par les Khmers Rouges, mais usé par les siècles (2 km de Kompong Cham). Si bon nombre de ses pierres sont déjà par terre, le lieu est magnifique, et dans un pays dont les monuments de plus de trente ans ne font pas légion, je dois dire que cela fait bien plaisir de voir des vieilles pierres (répétition). Le tout est souvent gâché par des rafistolages plus qu’hasardeux, ou des excroissances contemporaines dont le béton peinturluré ferait hurler nos architectes des bâtiments de France. 3) deux « Phnoms », c’est-à-dire deux montagnes (qui sont plus proches d’une colline), au sommet desquelles ont été construits des temples. Elles se font face. La légende veut que lors d’une bataille, les femmes l’aient emporté sur les hommes, et voilà pourquoi elles ont eu droit au plus haut phnom. Sur le mont des hommes, des singes vivent en liberté, et un Buddha géant en béton est allongé dans le Nirvana. (Voir ici pour un petit tout dans l’coin).

Pour le reste, je commence à comprendre peu à peu ma mission, qui consiste à correspondre avec les différents organismes qui financent les projets (principalement éducatifs) du diocèse de Kompong Cham. Dans l’affaire, la compta, dont une grande partie est assurée par une Khmère (PrimPrey), n’est qu’un outil de gestion de projets.
Voila. Vous l’aurez compris : je ne suis pas allé à Phnom Penh ce week-end, mais y retourne vendredi. Affaire à suivre. Quant à mon saucisson, je n’aurais pas eu le plaisir de le terminer : quelqu’un d’autre s’en est chargé... Il me ne reste plus que du riz pour me consoler. Riz ras bien qui riz ras le dernier.