Saturday, December 1, 2007

Semaine 15 : rizem et circenses.

(blabla)

« Bonjour à tous,

Je vais tâcher de faire bref. Le temps presse. Que vous dire de cette quinzième semaine, déjà loin derrière ? Non pas qu’il n’y ait rien à en dire, bien au contraire, mais plutôt que je ne sais par quel bout commencer. En fait voilà. C’est décidé, pour éviter les longueurs, je commence par vendredi. Vendredi, justement, Philibert et Antoine, coopérants MEP respectivement en poste à Phnom Penh et Kampot, ont la bonne idée de venir me voir. Et pour cause : certes, ça vaut l'coup, mais c’est aussi Bon Om Tuk (nous y reviendrons plus bas), jour chômé ici-bas. La veille, Francois, un prêtre MEP du diocèse de Lille, ordonné en 2005, et tout juste arrivé au Cambodge, est venu s’installer à Kompong Cham pour un an et demi. Du coup, nous voilà partis tous les quatre, à deux motos, direction Han Chey, la montagne-sanctuaire dont je vous ai déjà parlé plusieurs fois, à une bonne vingtaine de kilomètres de piste d’ici, et d'où sort de terre un bouddha de 56 mètres de haut. Saison sèche oblige, en chemin, la moindre voiture nous offre de rouler dans un nuage de poussière et de repeindre nos habits. Je n'vous raconte pas quand c'est un camion. Là-haut, nous avons profité du parc animalier en béton pour jouer aux touristes (voir ci-dessous).


Le Père François, Antoine et moi avons attrapé un dinosaure: merci à Philibert, qui, derrière son appareil, a eu le bon réflexe.

Pour samedi, Antoine nous avait mis en tête de trouver une chariote et son cheval pour une balade atypique le long du Mékong. Du coup, nous voilà partis à sa recherche. En chemin, nous grimpons la « tour cham », qui fait face à Kompong Cham, de l’autre coté du fleuve. Avec ses airs de minaret, construite dans les années 30, elle est un reste de l’administration française et ne sert à rien d’autre qu'à satisfaire le désir de perspective du gouverneur d’alors (elle est pile dans l'axe de la rue au bout de laquelle se trouve la maison du gouverneur). Soucieux de lui donner un genre cham (les chams sont les musulmans du Cambodge et Kompong Cham est leur port d'attache), feu Son Excellence la fit faire dans un pur style arabisant, ce qui est finalement assez curieux pour le coin (voir ci-dessous).


La tour cham

Après cette ascension et une vue magnifique sur la région, nous avons crapahuté aux alentours, et fini par trouver un autochtone partant pour nous promener dans sa chariote, moyennant finance. Hue dada. C’est parti. Vu l'attelage, nous ne sommes pas allés très loin ; deux ou trois kilomètres aller-retour tout au plus. Visiblement, nous étions drôles: les gens riaient sur notre passage. Si le pauvre cheval en a pris pour son grade, la balade était extra (voir ci-dessous).


A dada mon gros bidet.

Ensuite, nous sommes repassés à l’évêché pour prendre deux motos, direction Chup, dont je vous ai déjà parlé, et qui reste la plus grande plantation d’hévéas du Cambodge (6000 hectares). Là, nous avons pénétré cette forêt bicolore, mystérieuse source d’inspiration, et exploré quelques allées forestières aux airs de corridors. A travers les arbres, au loin, le soleil rougeoyant se couche: c'est beau !


A moto avec Antoine


En pénétrant dans la plantation Chup


Dans la plantation Chup

Samedi soir, Dimitri nous a rejoints. Le temps d’enfiler un dîner, quelques bières locales dans un bar de l'autre coté du Mékong, et une courte nuit, nous voilà partis aux aurores dominicales pour Phnom Penh où Bon Om Tuk (la fête des eaux) bat son plein et fait se tripler le temps d'un week-end la population phnom penhoise. Là, Sihamoni, sa cour et son peuple fêtent l’inversion des eaux du Tonlé Sap, et assistent côte à côte à une course de pirogues peinturlurées. Chaque embarcation représente une province, un village, une profession, une ONG, et que sais-je encore. On imagine le plaisir de Sa Très Gracieuse Majesté, perchée sur sa loge de roi et pétant dans la soie, savourant de son auguste coeur le bonheur de voir ses sujets s’amuser dans une liesse asphyxiante. "Du riz et des jeux. Donnez-leur du riz et des jeux". Parallèlement, depuis le loft open space des expatriés dont je vous ai déjà parlé il y a quelque temps (lui est directeur de l'aéroport de Phnom Penh), nous avions sans aucun doute une des plus belles vues de toute la ville; j'ose le dire: c'était royal (voir la photo ci-dessous, prise de là-haut. Voir aussi ici).



Après le feu d’artifice, nous voilà repartis dîner sur l’autre rive du Tonlé Sap, chez une certaine Vantha, une khmère qui tient le magasin de l’Eglise catholique à Phnom Penh ("Up to you"). La traversée sur le seul pont de la ville a failli se terminer en stand by de deux heures. Mais nous avons eu plus de chance que Philibert qui nous suivait de dix minutes, et qui, forcé de rebrousser chemin, n’est jamais arrivé. Vantha et sa famille nous ont reçus comme des rois, et le dîner, arrosé de quelques binouzes était bien sympathique. Le plus drôle, c'est que Vantha nous a montré les photos de son périple dans le Bordelais, je ne sais chez quel expat', et que sur une des photos, j'ai reconnu une Bordelaise avec qui il m'est arrivé, plus jeune, de danser sur Bob Morane. Là encore, je ne sais pas si c'est le monde qui est petit, ou bien la France qui est grande... Notre soirée s'est soldée par un tour à la fête foraine, où manèges et autres beauferies ont fini de nous régaler. On a bien rigolé. Voilà un week-end bien chargé qui s’achève. Lundi : retour à Kompong Cham, pour entamer la seizième semaine la tête pleine d’images magnifiques. Si vous le voulez bien, nous attendrons encore quelques jours pour en parler. D’ici là, je vous laisse sur la pensée de la semaine : "Un homme qui se noie cherche à s’aggriper même à une paille de riz" (proverbe chinois). »

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