Comme chaque semaine, nous retrouvons Louis, en direct de Kompong Cham :
« Bonjour à tous. Je vais faire vite : le temps presse. Que dire de cette dixième semaine, déjà loin ? Elle est passée à toute allure. Et le temps avec. Lundi, mardi, mercredi, jeudi : rien de spécial. Vie de bureau dans un bureau. Vendredi : ça y est, c’est parti ; j’ai donné mon premier cours d’Anglais (si si, je vous assure). Lieu : église de Phum Thmey, dont je vous ai déjà parlé la semaine dernière (à environ douze kilomètres au sud de Kompong Cham, au bord du Mékong). Nombre d’élèves : une trentaine. Age : entre 12 et 17 ans. Horaires : 16h-17h, deux à trois fois par semaine. Equipement : un tableau et un feutre genre Velleda et un lecteur de CD branché sur une batterie dans le style de celle que vous avez sous votre capot. Bref. Pour mon premier cours, j’y suis allé à vélo (environ quarante minutes).
Pendant le trajet (que je connaissais puisque c’est la route du Phnom Han Chey dont je vous ai longuement parlé la semaine derniere), j’ai pu constater que la fin de la saison des pluies ne se passe pas que dans le ciel. Et pour cause : les zones inondées à gauche de la piste se vident dans le Mékong (qui, lui, est à droite). C’est impressionnant. On dirait une grosse baignoire. L’eau s’engouffre dans les quelques passages laissés lors de la construction de la piste (piste, qui, à cet endroit, vous l’aurez deviné, passe sur un pont). Ici, l’effet siphon offre aux pêcheurs l’occasion unique (mais néanmoins annuelle) d’attraper à peu près tous les poissons qui, durant toutes la saison des pluies, s’étaient installés dans les rizières submergées. Un filet en travers, et c’est Tibériade.
Bref. Pour revenir à mon cours : comme il se doit pour un premier jour, j’ai fait remplir une fiche de présentation à tout le monde. La transcription des noms n’a pas été une mince affaire, et les élèves, assis par terre, semblent avoir parfois pris plaisir à compliquer les choses (la suite la semaine prochaine). Samedi : préparation de mon cours de lundi (de la onzième semaine). Dimanche : fin de la saison des pluies oblige, le soleil a eu raison de ma peau de Rosbif, et me voila rouge comme une écrevisse.
L’histoire de ne pas m’arrêter en si bon chemin, laissez-moi vous dire deux mots sur cette période de l’année, si attendue au Cambodge. Et pour cause. Partout, l’eau se retire, abandonnant sur place le riche limon contenu dans les eaux du Mékong. Cet engrais, ô combien naturel, assure ainsi les Cambodgiens de manger à leur faim. Mais le fait le plus spectaculaire ici-bas reste la vidange du Tonlé Sap, le plus grand lac d’eau douce de la péninsule. Ainsi, pendant toute la saison des pluies, les eaux du Mékong, remontant la rivière Tonlé Sap, se déversent dans le Tonlé Sap lui-même, multipliant sa surface par cinq. Lorsqu’arrive la fin de la saison des pluies, le Tonlé Sap, arrivé à saturation, se vide à son tour dans le Mékong, inversant le cours de la rivière (suis-je clair ? Si non, allez voir ici, ou même ici). Ce phénomène unique donne l’occasion d’une fête, dite « des eaux », et plus particulièrement à Phnom Penh, situé au point de raccord des deux rivières. Là, le roi, de son auguste bras, autorise la nature à faire son travail. Si j’en crois certains, c’est pour bientôt.
Bref. Il est l’heure de rendre l'antenne. Merci encore de votre fidélité. Et, sauf contrordre, à la semaine prochaine.
Et bien sûr :
Le carnet : on nous prie d’annoncer le divorce de Monsieur Nicolas Sarközy de Nagy-Bocsa, Grand Maître de l’Ordre de la Légion d’Honneur, et de Madame, née Ciganer-Albéniz. Ni fleurs ni couronnes. Donation possible à l’ordre de la République Française. Cet avis tient lieu de faire-part.
La pensée de la semaine : "Dans la plus grande partie de l'Asie, en Perse, en Arabie, en Égypte et de là jusqu'à la Chine, le riz fait la principale nourriture", Buffon (1707 - 1788), suppl. à l’Histoire naturelle générale et particulière (1749), Oeuv. t. XI, p. 129. »
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