Tuesday, January 29, 2008

Semaines 23 & 24 : c’est super.

« Bonjour à tous,

Il est 21 h 07, je suis ici lundi soir, et je me mets enfin à ma chronique. Nouveauté que cette chronique : elle entend couvrir mes deux dernières semaines. C’est la première fois depuis que je suis au Cambodge que je réunis sur un seul et même papier quinze jours de ma vie locale : ma semaine dernière ne m’aura pas laissé le temps de bloguiser mes aventures. Je vais tâcher de ne rien oublier, mais je ne vous garantis rien.

Quid de ma 23e semaine ? Pardon d’aller si vite, mais le samedi, j’étais invité au mariage de la soeur de Sat. Sat est responsable d’un programme de sensibilisation à l’hygiène et à la culture khmère et entre au séminaire en septembre prochain. Ses parents habitent au bout du monde : douze kilomètres de piste à travers les rizières, et leur maison surgit de nulle part, gardée par une légion de palmiers à sucre. Là, nous avons eu droit à un mariage dans la plus pure tradition khmère (toute sa famille est bouddhiste). Arrivés là-bas à 17 h, nous nous sommes goinfrés de plats variés et ô combien délicieux, avant d’enchaîner quelques pas de danse, qui restent sages à côté de ceux auxquels j’ai été initié plus jeune. Seul Blanc de l’assistance, j’ai du mal à m’y fondre. Il n’empêche : c’est super. Les gens sont supers. Dimanche, comme j’en ai pris un peu l’habitude maintenant, je vais me baigner dans le Mékong, et constate une fois encore que Kompong Cham est une ville où il fait bon vivre. Je me balade sur les bancs de sable, où se reposent jusqu’à la prochaine saison des pluies quelques trésors : vieux bouts de porcelaines, chaussures, et autres vieilleries, et même une bombe, sans doute larguée par un B-52 états-unien au début des années 70 (la région de Kompong Cham, où des Viêt-Congs s’étaient réfugiés, n'a pas échappé à la pluie de bombes qui tapissa le Cambodge de 1969 à 1973 et tua près de 250 000 Cambodgiens, civils ou non). Dans l’après-midi, avec toute une bande de joyeux lurons membres de la Société Saint-Vincent-de-Paul, nous procédons à l’« opération nettoyage des berges du Mékong » ; le principe est simple : pendant deux heures, on fait des tas de poubelles bazardées là par ceux qui n’ont pas forcément de quoi payer le ramassage des ordures, et on brûle le tout. Le nuage de fumée nous fait évidemment repérer, mais c’est super. Le soir, dans la lancée des semaines précédentes, je projette un film sur un des murs de la grande salle du bas, à l’évêché. Cette fois-ci, ce sera "Le tombeau des lucioles", dessin animé réalisé en 1988 par le Japonais Isao Takahata, et qui raconte la triste histoire de Setsuko et Seita, deux enfants perdus dans la guerre finissante, en 1945. Tout le monde n’a pas accroché, mais le film n’en demeure pas moins beau.


Je passe donc à ma 24e semaine. Lundi et mardi, Primprey (ma collègue khmère) et moi nous attelons à préparer la réunion presbytérale programmée pour le mercredi. Une fois par mois, Mgr rassemble les prêtres, soeurs et autres responsables du diocèse pour un débriefing sur les projets en cours ou prévus. Pour une fois, la réunion n’était pas à Kompong Cham : nous nous réunissions à Suong, à une quarantaine de kilomètres d’ici, de l’autre coté de la plantation Chup. Après le déjeuner, nous partons en groupe sur les traces d’une église construite en 1955 pour les ouvriers vietnamiens catholiques de la plantation et bombardée par les Américains. Seul le clocher subsiste. Décor de film que cette petite silhouette. Ensuite, nous passons voir ce qu’il reste d’une grotte de Lourdes. Autrefois, il y avait là une autre église. Détruite elle aussi, une pagode a été depuis construite en lieu et place ; si la grotte a été conservée, elle a été réaffectée depuis au culte bouddhiste. La Vierge y est désapparue.

Les ruines de l'église.





Dans la grotte.



Devant la pagode (qui a remplacé l'église).




Jeudi matin, je file à Phnom Penh pour y accueillir une amie, jusque là volontaire MEP en Chine pendant deux mois, et en vadrouille ces temps-ci dans la région avec une de ses amies de Paris. D’abord, je retrouve Dimitri, Charles et mes autres compères à la maison des coopérants. Ensuite, direction l’ambassade de France devant laquelle j’ai donné rendez-vous à Clémence et Clothilde. Nous passons déjeuner au Sorya, du haut duquel la vue donne un bon aperçu de la capitale. Le soir, nous allons donner un coup de main à Philibert et à d’autres pour le dîner mensuel des enfants des rues. Rendez-vous fixé à 18 h devant le Palais Royal. Le principe est simple : nous embarquons une cinquantaine d’enfants en touk-touk et les emmenons dîner dans un resto un peu plus loin. C’est super. Dans un joyeux bazar, les yeux écarquillés, les gamins se partagent un repas. Curieusement, il pleut à torrents.

Ensuite, nous passons au Memphis, le bar d’expats sur le quai Sisowath où nous avons nos habitudes.

Vendredi matin, j’accompagne ces demoiselles visiter Tuol Sleng, l’ancienne école transformée en centre de torture par les Khmers Rouges et en Musée du génocide par les Vietnamiens, et dont je vous ai déjà maintes fois parlé (lire ici). Ensuite, nous passons au Vat Ounalom, le siège du patriarcat bouddhiste du Cambodge, et où, comme la dernière fois, on se fait gratouiller la main par un achar devant la relique du cil du Bouddha (lire ici).

Le soir, c’est la messe mensuelle des coopérants. Comme à l’accoutumée, nous commençons par un partage d’évangile. Ce soir, le thème est "le sel de la terre et la lumière du monde". Sous la présidence de Dimitri, nous nous prêtons au jeu, et c’est réussi. Après la messe, pizzas party avec toute la troupe. Rien à redire : c’est super.

Samedi matin, nous nous levons aux aurores pour aller servir le petit déjeuner à PSE, une ONG fondée par un couple de retraités franciliens et qui aide les enfants de la décharge à sortir de la misère. A la queue leu leu, les enfants, tous beaux, attendent sagement leur assiette de riz et de poisson grillé avant de s’asseoir autour de petites tables à leur échelle. C’est super.

A la queue leu leu.



Antoine et Clothilde en service.



Le p'tit déj'.



Trouvaille.



Après, nous passons faire un tour sur la décharge où des gens s’activent à récupérer tout ce qui est récupérable. Cet amoncellement de déchets a des airs d’apocalypse lunaire.

Au fond, la décharge.



Sur la décharge.



Antoine et son air dégoûté.



Samedi soir, en compagnie de Lackéna, une khmère ancienne élève à PSE, Charles, Dimitri, Clémence, Clotilde et moi dînons au "Thaï & Khmer", un resto un peu guindé où il fait un froid de gueux, du fait, comme bien souvent sous ces latitudes, d’une climatisation trop généreuse.

Au "Thaï & Khmer", avec ma serviette en guise d'écharpe.



Sortie de resto.



Ensuite, retour à la maison des coopérants pour une partie de tarot, avec saucisson et comté apportés par les parents d’Antoine et Bourgogne apporté par les parents de Philibert. C’est super.

Dimanche matin, Clémence et Clothilde quittent Phnom Penh pour Siem Reap. L’après-midi, passage avec Dimitri à la piscine de l’hôtel Plazza. Vue l’heure, je ne rentrerai à Kompong Cham que demain matin, de quoi profiter encore un peu de ce super week-end.

Je m’arrête là.
Et bien sûr : la pensée de la semaine : "Les hommes ne servent à rien, si ce n’est, à l’heure actuelle, à reproduire l’espèce." (Michel Houellebecq). A la semaine prochaine ! »

Retour en arrière:

Avec Sat.



Baignade dans le Mékong.



Dans mon bateau de fortune...



Mon bureau:

La porte d'entrée.



Mon bureau.



Le carrelage.



Compter les sous.



Hoouuuuu...

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