Friday, January 11, 2008

Semaine 21: Eminentissimum ac Reverendissimum Dominum.

« Bonjour à tous.

Je fais bref : le temps presse. Ma première semaine de l’année aura été assez agitée. Mardi 1er janvier, retour de Phnom Penh. Mercredi matin, je raccompagne Dimitri en moto à Prey Veng, à 80km au sud de Kompong Cham. C’est curieux, mais il fait un froid de gueux : 22ºC... Au guidon, face au vent, je grelotte. Le paysage défile à toute berzingue, et le Cambodge, allongé de chaque côté de la route, se repose de ses années de tourmente.

Jusqu’à vendredi, vie de bureau, et cours d’Anglais à Phum Thmey, comme d’habitude.

Quelques uns de mes élèves .
© Père François Hemelsdael.





















Jeudi, Mgr part à Phnom Penh accueillir le Cardinal Martino, venu notamment présenter le Compendium de la Doctrine sociale de l’Eglise (dont il est l’instigateur). Je suis pour ma part prié de venir dimanche matin à Phnom Penh pour la dédicace de la nouvelle église paroissiale de Bang Tang Poung ( ?), sous la présidence dudit cardinal.
En attendant, samedi, le Père François et moi avions prévu d’emmener les gamins de Phum Thmey se promener sur l’île en face de Kompong Cham, accessible ces temps-ci via un pont de bambou, et pour laquelle je vous renvoie à ma dernière chronique. La sortie avait des airs de bord de mer. A cette époque de l’année, le Mékong est au plus bas ou presque, et ses fonds sablonneux offrent aux badauds de pouvoir s’y sentir à la plage. Baignade pour tout le monde. Et tout le monde est ravi.

Le pont de bambou depuis Kompong Cham.



Sur le pont de bambou.



Une partie de la bande.



Seul au monde.



16h : retour à l’évêché, pour, entre autres, préparer la salle de cinéma. Ce soir, je tente un truc : projeter sur un mur un film pour les jeunes des deux centres que l’Eglise tient à Kompong Cham (11 garçons et 11 filles y logent à l’année pour y poursuivre leur scolarité). J’avais mes idées pour le film, mais des influences extérieures m’ont finalement fait choisir un film qui ne casse pas des briques : « Joyeux Noël », de Christian Carion. Bon. Si l’histoire racontant le Noël partagé entre Allemands et Français sur les champs de bataille de la Marne en 1914 n’a en soi rien d’effrayant, globalement, le film n’est pas envoûtant, loin de là. Bref. N’en parlons plus. Quoiqu’il en soit, je pense retenter cette expérience aux airs de Cinema Paradiso.

Dimanche matin : départ à 5h pour Phnom Penh, avec le minibus à peu près rempli. Je conduis une bonne partie du trajet, et me tape même le boulevard Monivong, l’artère principale de la capitale cambodgienne, surchargée à cette heure-ci. Passage à la maison des coopérants où je retrouve une bonne partie de la bande, dont Antoine, Charles, Philibert et Dimitri, puis direction Bang Tang Poung, à un quart d’heure à pied. Il y a foule. Pensez-vous : un cardinal... Le nonce apostolique, le vicaire apostolique, et les deux préfets apostoliques du Cambodge. Le gratin. Le Royaume a même mis à disposition de Son Eminence une voiture officielle, avec motard de tête. La veille, le Ministre des cultes l’avait reçu dans ses ors. Voilà des signes qui ne trompent pas sur la bienveillance des autorités cambodgiennes à l’endroit de l’Eglise catholique, dont la générosité n’est ici un secret pour personne. Après la messe, un déjeuner assis est servi à qui veut ou presque. Les petits plats dans les grands. Rien à redire : c’est bon.
Epiphanie oblige, le soir, un dîner est offert, mais cette fois-ci à l’évêché, sur Monivong boulevard. Que c’est bon ! Etrangement, rien de cambodgien dans nos assiettes. Y a-t-il eu des consignes pour le cardinal ? Bref. Ce boeuf à couper à la fourchette sur un Haut-Brion 1993 est à se lécher les babines. La galette des rois de circonstance avalée, Son Eminence fait le tour des tables pour distribuer des images de Benoît XVI, rappelant Hubert Bonisseur de La Bath et ses images du Président Coty. Diplomate de carrière, ancien Représentant permanent du Saint-Siège à l’ONU, le Président du Conseil Pontifical Justice et Paix est fort sympathique. Sa carrure de prélat romain lui va à ravir, et sa bonhomie lui offre d’être étrangement accessible.

Pardonnez-moi d’empiéter sur ma 22e semaine, mais je préfère boucler mon week-end prolongé maintenant ; le 7 janvier est ici chômé, en souvenir de la chute des Khmers Rouges en 1979, et a fortiori de l’installation des Vietnamiens dans le pays... Petit tour au marché russe, avant d’aller grignoter au Sorya, avec vue magnifique sur Phnom Penh, qui fut parait-il « la perle de l’Asie » dans les années 20. Après le déjeuner, retour en province. Et voilà. A la semaine prochaine.

La pensée de la semaine : "Ce n’est point dans l’objet que réside le sens des choses, mais dans la démarche", Antoine de Saint-Exupéry, Citadelle. »

Eing, l'homme à tout faire à l'évêché.




Tieu, Tié, Tâ, Pol: les enfants des cuisinières.





Sokheng et Sokcheat, deux des trois cuisinières de l'évêché.




A gauche, la porte de mon bureau.

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