Tuesday, October 30, 2007

Semaine 11: la grognasse enragée.

(blabla habituel)

« Bonjour à tous. Et la onzième semaine fut. Elle fut courte. Sept jours seulement. Pas un de plus. Qu’en dire d’autre ? Comme je vous en ai déjà dit deux mots la semaine dernière, je joue au prof d’Anglais à peu près trois fois par semaine, à Phum Thmey. Si j’y étais allé en vélo la première fois, je ne m’y suis toujours pas remis, préférant succomber aux charmes de la moto. Bref. Les premiers cours ne sont pas une mince affaire : visiblement, le niveau des élèves est assez hétérogène, et sur les deux ou trois qui comprennent quelque chose, un ou deux fait/font semblant d’écouter, en papotant avec le voisin. En réalité, absence de tables et chaises oblige, j’ai affaire à un tas d’élèves assis par terre, écrivant comme ils le peuvent, ou n’écrivant pas, plus simplement. Bref. Je vous passe les détails. J’avais apporté une chanson d’amour qu’une popstar locale a reprise en Khmer (here right waiting for you), mais comme ils n’y comprennent rien ou presque, on est reparti sur l’alphabet, ou à peu près.

Petite anecdote de la semaine : mardi, au retour de Phum Thmey, nids-de-poule obligent, mon téléphone n’a pas résisté au soubresauts du trajet en moto, et est tombé de ma poche. Je m’en suis aperçu en arrivant à Kompong Cham. Après l’espoir perdu de l’avoir oublié sur place, je m’étais fait une raison : comme mon saucisson il y a quelque temps (ceux qui me suivent depuis le début sauront de quoi je parle): adieu l’ami. Pourtant, mercredi, toujours au retour de Phum Thmey, et à l’approche de Kompong Cham, je croise une dame sur sa moto qui me fait de grands signes. Je freine. Elle s’arrête, et me fait comprendre qu’elle sait où est mon portable. Ravi de cet énorme coup d’bol, je la suis, et arrive effectivement chez les gens qui ont trouvé mon portable la veille, sur la piste. Mais je déchante très vite : on me demande 100 dollars pour le récupérer. Devant ma tête d’ahuri, le prix descend à 50 dollars. Espérant ne pas bien comprendre l’incompréhensible, je préfère dire que je reviendrai le lendemain matin.
Jeudi matin : j’arrive avec trois Khmers chez les mêmes gens. Et c’était bien ça: la bonne femme me demande 50 dollars pour récupérer mon portable. Pas même question de me le montrer avant que j’aie aligné la monnaie. Ecoeuré par si peu d’humanité, à deux doigts d’envoyer mon poing bouillonnant dans la tronche de cake qui me fait face, je préfère sortir de la baraque (quelques planches et un toit) en claquant la porte (retenons l’expression car, précisément, il n’y avait pas de porte). Pour leur part, mes trois compères restent sur place. Au bout de cinq minutes, je vois Prim Prey (ma collègue de la comptabilité) sortir elle aussi en furie. C’était la première fois que je voyais un local en colère : ils sont d’ordinaire cachés derrière leur incessant sourire, et il est rare qu’ils fassent tomber le masque. Bref. Pour ce qui est des deux compagnons de route restant, ils ont fait ce qu’ils ont pu, et la trouveuse leur a finalement rendu ma carte sim, tout en essayant parallèlement de leur revendre mon portable ! Autant vous dire que tout le monde ici est d’accord : c’est pas de chance pour moi, mais mon portable a été trouvé par une énorme grognasse (ouf ! J’avais peur que ce fût culturel...). Enfin bref. Passons. Je lui laisse, mon portable, à la voleuse. Et elle peut même se le ... Enfin non rien. J’allais dire des insanités. Mais ceci dit, ça fait du bien quand même.

Pour le reste, j’ai passé mon week-end à Phnom Penh. Et y suis même parti vendredi matin, puisque j’avais rendez-vous à 11h à l’ambassade de France avec Dimitri, dont je vous ai déjà parlé la semaine dernière (fraîchement arrivé, il ne savait pas comment aller à la maison des coopérants). Vendredi soir : messe des coopérants, puis anniversaire de Bruno (un des nôtres) chez des expats (Bruno s’occupe de la communauté francophone de Phnom Penh) : groom, billard, piscine, et tout le tralala rien que pour nous : on se s’rait crû au paradis (...). Sur ce, des amis Khmers nous ont fait une petite danse en costume traditionnel. Et nous de regarder le spectacle un verre à la main : vous me pardonnerez, mais la scène avait quelque chose de la belle époque...

Samedi : petit tour dans Phnom Penh, puis refête chez les expats. Trois ronds dans la piscine, et voilà l’travail. Dimanche : messe dominicale, petit tour au marché russe, puis déjeuner pantagruélique chez d’autres expats au sens de l’accueil surdimensionné. Appartement magnifique avec vue sur le Mékong, le tout à deux pas du Palais Royal. Et enfin : retour à Kompong Cham.

Voila pour la semaine. Je ne m’étalerai pas davantage cette semaine, mais le coeur y est. A la semaine prochaine donc.
Et bien sûr :
La pensée de la semaine :
"Ainsi fut adopté par la moitié du monde le riz, fils de la terre et nourrisson de l’onde", Delille (1738-1813), Les trois règnes de la nature, VI, 1809. »

Opération Prey Kôn Dien

Bonjour à tous,

Un ami, en mission au Cambodge comme moi, lance une opération « achat de tableaux » pour l'école où il donne pour six mois des cours d'Anglais ; Prey Kôn Dien (c'est le nom de l'école) est située à environ 80 km de Kompong Cham, la ville où je suis basé. Pour lui permettre de mener à bien cette bonne initiative, je vous invite à participer à cette opération. Pour cela, rendez-vous ici pour de plus amples informations !

Par la même occasion, je vous invite à découvrir ou redécouvrir deux façons de participer à mon aventure :

1) Faire un don aux MEP.

2) Faire un don à la Préfecture apostolique de Kompong Cham.

Par avance, je vous remercie de votre générosité, et de bien vouloir faire passer ce message.

Louis.

Tuesday, October 23, 2007

Semaine 10 : une écrevisse à Tibériade.

Comme chaque semaine, nous retrouvons Louis, en direct de Kompong Cham :

« Bonjour à tous. Je vais faire vite : le temps presse. Que dire de cette dixième semaine, déjà loin ? Elle est passée à toute allure. Et le temps avec. Lundi, mardi, mercredi, jeudi : rien de spécial. Vie de bureau dans un bureau. Vendredi : ça y est, c’est parti ; j’ai donné mon premier cours d’Anglais (si si, je vous assure). Lieu : église de Phum Thmey, dont je vous ai déjà parlé la semaine dernière (à environ douze kilomètres au sud de Kompong Cham, au bord du Mékong). Nombre d’élèves : une trentaine. Age : entre 12 et 17 ans. Horaires : 16h-17h, deux à trois fois par semaine. Equipement : un tableau et un feutre genre Velleda et un lecteur de CD branché sur une batterie dans le style de celle que vous avez sous votre capot. Bref. Pour mon premier cours, j’y suis allé à vélo (environ quarante minutes).

Pendant le trajet (que je connaissais puisque c’est la route du Phnom Han Chey dont je vous ai longuement parlé la semaine derniere), j’ai pu constater que la fin de la saison des pluies ne se passe pas que dans le ciel. Et pour cause : les zones inondées à gauche de la piste se vident dans le Mékong (qui, lui, est à droite). C’est impressionnant. On dirait une grosse baignoire. L’eau s’engouffre dans les quelques passages laissés lors de la construction de la piste (piste, qui, à cet endroit, vous l’aurez deviné, passe sur un pont). Ici, l’effet siphon offre aux pêcheurs l’occasion unique (mais néanmoins annuelle) d’attraper à peu près tous les poissons qui, durant toutes la saison des pluies, s’étaient installés dans les rizières submergées. Un filet en travers, et c’est Tibériade.


Bref. Pour revenir à mon cours : comme il se doit pour un premier jour, j’ai fait remplir une fiche de présentation à tout le monde. La transcription des noms n’a pas été une mince affaire, et les élèves, assis par terre, semblent avoir parfois pris plaisir à compliquer les choses (la suite la semaine prochaine). Samedi : préparation de mon cours de lundi (de la onzième semaine). Dimanche : fin de la saison des pluies oblige, le soleil a eu raison de ma peau de Rosbif, et me voila rouge comme une écrevisse.


L’histoire de ne pas m’arrêter en si bon chemin, laissez-moi vous dire deux mots sur cette période de l’année, si attendue au Cambodge. Et pour cause. Partout, l’eau se retire, abandonnant sur place le riche limon contenu dans les eaux du Mékong. Cet engrais, ô combien naturel, assure ainsi les Cambodgiens de manger à leur faim. Mais le fait le plus spectaculaire ici-bas reste la vidange du Tonlé Sap, le plus grand lac d’eau douce de la péninsule. Ainsi, pendant toute la saison des pluies, les eaux du Mékong, remontant la rivière Tonlé Sap, se déversent dans le Tonlé Sap lui-même, multipliant sa surface par cinq. Lorsqu’arrive la fin de la saison des pluies, le Tonlé Sap, arrivé à saturation, se vide à son tour dans le Mékong, inversant le cours de la rivière (suis-je clair ? Si non, allez voir ici, ou même ici). Ce phénomène unique donne l’occasion d’une fête, dite « des eaux », et plus particulièrement à Phnom Penh, situé au point de raccord des deux rivières. Là, le roi, de son auguste bras, autorise la nature à faire son travail. Si j’en crois certains, c’est pour bientôt.

Bref. Il est l’heure de rendre l'antenne. Merci encore de votre fidélité. Et, sauf contrordre, à la semaine prochaine.

Et bien sûr :
Le carnet : on nous prie d’annoncer le divorce de Monsieur Nicolas Sarközy de Nagy-Bocsa, Grand Maître de l’Ordre de la Légion d’Honneur, et de Madame, née Ciganer-Albéniz. Ni fleurs ni couronnes. Donation possible à l’ordre de la République Française. Cet avis tient lieu de faire-part.

La pensée de la semaine : "Dans la plus grande partie de l'Asie, en Perse, en Arabie, en Égypte et de là jusqu'à la Chine, le riz fait la principale nourriture", Buffon (1707 - 1788), suppl. à l’Histoire naturelle générale et particulière (1749), Oeuv. t. XI, p. 129. »

Tuesday, October 16, 2007

Semaine 9 : le singe à partie cul.

Chers surfeurs-lecteurs, comme chaque semaine, nous retrouvons Louis en direct de Kompong Cham, pour quelques racontars. Avant de lui passer l’antenne, nous tenons à nous excuser du léger contretemps, grand responsable de notre retard.

« Bonjour à tous. Je vais tâcher de faire vite, mais cette semaine j’ai pas mal de choses à vous raconter. Et pour cause : la fête des morts (Pchum Ben) a atteint son apogée au cours de la semaine. Jeudi, c’était "le" jour pour aller à la pagode. Le 2 novembre local. D’ailleurs, une dérogation de Rome autorise l’Eglise du Cambodge à célébrer la Toussaint le jour de Pchum Ben. Nous avons donc eu la messe de la Toussaint en avant première. Au cours de la messe, la tradition veut que les fidèles déposent au pied de l’autel des plats pour les morts. Ça sentait la cuisine. Pour les bouddhistes, les plats sont d’ordinaire plus ou moins conservés, les bonzes les offrant parfois au sol de la pagode ; mais comme on n’est pas bouddhistes, et bien nous avons tout mangé après la messe. Un gueuloton. Puis, en van, en route pour Han Chey, une montagne locale (un « Phnom » pour être exact), à une vingtaine de kilomètres, sur lequel un temple bouddhiste en expansion a été construit il y a bien longtemps. La piste (ce n’est pas moi sur la photo, mais ça pourrait...) qui y mène en met plein les yeux. A droite, le Mékong ; à gauche, des rizières inondées à perte de vue. Une bande de terre au milieu d’un océan d’où surgissent les silhouettes innombrables des palmiers à sucre.

A Han Chey, une partie du temple semble remonter à la période angkorienne. Mais depuis, ce n’est que rajouts, excroissances, kitcheries, et autres trucs (genre des animaux de toutes sortes en béton, et même un dinosaure). Pour monter sur le phnom, on peut passer par un escalier monumental en bien mauvais état (la rampe est un Naga, le serpent à plein de têtes), ou alors la route y grimpe aussi. De là-haut, une vue à couper le souffle sur le bassin du Mékong en met plein la vue. Là-haut toujours, j’ai pris mon premier bain chaud depuis deux mois. Un bain de Khmers. Pas un seul Baraing (sauf moi). Je suis étranger. Au secours. C’est horrible. Je reçois plein de « hello » dans la figure. Je ne sais pas pourquoi, mais cette semaine, un bonjour en Rosbif, ça fait particulièrement mal. Heureusement, un singe fait le singe et on rigole bien. Mais je parle le singe encore moins que le Khmer. Rien à faire. On ne se comprend pas.
Et voila les Khmers qui se mettent à danser au son d’un mur d’enceintes qui atteint cette fois-ci au moins quinze mètres carrés. Et la foule compacte se prend au rythme. Le tout se meut lentement, réchauffant la planète de manière inquiétante à l’heure ou Al Gore reçoit justement le prix Nobel de la paix parce qu’il dit qu’il ne faut pas réchauffer la planète. Et dans tout ça, la tradition se perd : exit les costumes traditionnels. On est à l’heure des lunettes Gucci et des tee-shirts Dolce Gabbana (contrefaits, cela va d’soi). A côté, les marchands du temple épuise leurs marchandises : jus de canne à sucre, gâteaux de riz fourrés à la viande d’on-ne-sait-quoi, salades d’herbes, gelée de riz au sucre de canne, feuille de riz, riz au coco, riz grillé, et tout l’touti habituel (et on ne riz pas).

Un peu à l’écart du "complexe pagodal", mais toujours sur le phnom Han Chey, nous sommes allés voir un chantier étonnant qui surgit de terre, mais en stand-by pour le moment. Comme à l'entrée de bon nombre de pagodes, un gardien commente ce qui se passe dans un haut-parleur (il s'agit en fait d'un achar, laïc qui anime la vie religieuse). Là encore, j’ai eu droit à un "hello", cette fois-ci démultiplié, et le garde-commentateur, hilare, a ri. Et moi avec (et l’on riz encore...). Pour l’heure, ne nous voyons là que les fondations de ce qui sera un des plus grand Bouddha du monde, et sans doute le plus grand de toute la péninsule indochinoise. Le dessin du projet donne une idée de ce que sera cette statue de 56 mètres de haut. Impressionnant. En grimpant sur la plate-forme de béton sur laquelle sera assis le Bouddha géant, on a droit à une vue à 360º, jusqu'à l'horizon. C’est vertigineux.

Au retour, nous nous sommes arrêtés à Phum Thmey, un village à mi-chemin entre Han Chey et Kompong Cham. L’église de Phum Thmey a quelque chose de l’île aux oiseaux : perchée sur ses pilotis, elles est à cette saison inaccessibles à pieds secs. Nous en avons profité pour faire un tour en bateau, non pas sur le Mékong, mais sur les rizières, au niveau de la cime de quelques petits arbres, qui n’ont pas l’air assoiffés. Retour à la maison à la tombée de la nuit, avec la tête pleine d’images incroyables, mais aussi l’envie de retourner là-bas un peu plus tranquillement. Le van plein à craquer, le déplacement en groupe, et la foule m’ont donné l’impression de passer à coté de quelque chose.
Et justement, l’occasion d’y retourner s’est vite présentée. Vendredi soir, Monseigneur Susairaj, partis deux jours dans les provinces de Prey Veng et Svay Rieng pour y assurer les messes (le Père Alberto, un Italien d’ordinaire chargé de Prey Veng, est en Europe en ce moment), est revenu avec Dimitri, un coopérant MEP tout juste arrivé, et basé à Prey Veng. Mgr voulait lui montrer le siège de la Préfecture apostolique. Du coup, samedi, j’ai proposé "au nouveau" de faire un tour en moto dans l’coin. Et nous voilà partis. Dans un premier temps, direction Han Chey. Les cheveux dans le vent, je redécouvre la piste-promontoire, et Han Chey, debarrassé du superflu. Le singe est déchaîné. Est-ce parce qu’il est content de me revoir ? Pour la première fois de mon séjour, je bois un jus de canne. Ma méfiance était injustifiée : c’est très bon.

Ensuite, direction Phnom Srey et Phnom Pro, la colline des femmes et la colline des hommes dont je vous ai déjà parlé dans une chronique précédente. A Phnom Srey, je prends un singe dans les bras, et l’impact entre mon avant-bras et ses fesses rouges éveille chez moi une sensation jusqu’alors inconnue... Il est déjà tard, et les gens sont rentrés. Le site est étrangement calme. Sur Phnom Pro, les singes, dans une scénographie étrangement humaine, courent par dizaines, fouillent dans les poubelles, grignotent avec minutie les restes, s’épouillent. L’un d’entre eux, apparemment poursuivi par sa mère en colère, grimpe à l’antenne relais haute d’une cinquantaine de mètres, et pour échapper à sa génitrice qui l’a déjà rattrapé, glisse le long d’un des haubans de ladite antenne ; en arrivant en bas, des hurlements de douleur : ses mains sont cuites (pour d’autres photos de Han Chey et de Phnom Pro-Phnom Srey, voir ici ; même chose : ce n’est pas moi sur les photos, mais ça aurait pu).

Dernière étape de notre après-midi découverte, nous nous rendons à Vat Nokor (voir aussi ici), un temple du XIe siècle dont je vous ai également déjà parlé. Mais là encore, je redécouvre le site. Nous y arrivons à la nuit tombante, et tout le monde est parti. A l’intérieur, personne ; seule, la lumière de quelques bougies danse sur les murs qui racontent la vie du Bouddha. Dans une des enceintes de la pagode, nous croisons deux jeunes bonzes, en habit safran. L’un et l’autre parlent Anglais, et nous voilà partis dans une discussion bien informelle. En fait, ils ne sont pas moines pour la vie, mais seulement pour quelques années, le temps des études, notamment du Pâli, le Latin local. Et après : retour à la vie civile. L’un des deux s’est même dit impatient de défroquer...

Dimanche, Dimitri s’en est rentré à Prey Veng, avant que la neuvième semaine ne laisse sa place à la dixième. Affaire à suivre.
Et bien sûr : la pensée de la semaine : "Le riz qui est dans ton grenier est ton ennemi parce qu’il excite la jalousie de ceux qui n’en ont pas" (proverbe thaï). »

Monday, October 8, 2007

Semaine 8: un kilôkram de kaeussou.

Chers surfeurs-lecteurs, comme chaque semaine, nous rejoignons Louis, en direct de Kompong-Cham, pour sa chronique du samedi-dimanche-lundi (en fait, ça dépend):

« Et voila. Ça fait bientôt deux mois que je chronique chaque semaine au Cambodge. Ma huitème semaine a été suffisamment calme, et je ne saurais l’étaler trop en longueur. Mon travail de co-comptable de la Préfecture apostolique de Kompong Cham s’accélère grandement. Et pour cause : les premières échéances se profilent à l’horizon, et peut-être un peu plus près encore. Pour l’heure, je suis plongé dans les rapports financiers à adresser avant la fin du mois à nos financeurs, pour leur rendre ainsi des comptes, aux premier et second degrés.

Pour ce qui est des activités extra-comptables de la semaine, retenons simplement cette sortie dans la campagne environnante, pour y apporter des sacs de riz à des familles pauvres. Nature oblige, le cadre est magnifique. La piste tape-cul traverse des rizières à perte de vue, et l’on a bien du mal à penser qu’au début du siècle, par ici, la forêt dominait, faisant de la région un territoire de chasse très couru : éléphants, rhinocéros, tigres, panthères et autres bestioles, parait-il, pullulaient.

J’ai bien envie cette semaine de vous parler un peu de la langue khmère, à laquelle j’essaie de me faire peu à peu. Avec une heure de cours par jour en moyenne, je commence à comprendre qu’elle est en fait moins facile que je ne le pensais au début. Nouvel alphabet oblige (les chiffres ne sont pas plus arabes que l’alphabet est latin), la méthode B-A-BA me replonge en enfance, et plus mes connaissances avancent, plus je m’aperçois que la prononciation peut varier d’un mot à l’autre (suis-je clair ?). En gros: ça s'complique. Si certains sont sont effetcivement difficiles à reproduire, comme le Français, et contrairement à la plupart de ses consoeurs sud-asiatiques, le Khmer est une langue monotonale (c’est-à-dire qu’une variation de la tonalité, ou hauteur, dans la prononciation n’entraîne pas de changement de sens); parallèlement, le Khmer est aussi une langue monosyllabique (chaque syllabe, si elle n'est pas associée en elle-même à un mot complet, a normalement sa signification propre). Généralement, quand les mots sont longs et ne sont pas l'association de plusieurs autres, c'est qu'ils ont été importés tels quels de l'étranger. Kômpiouteur, kilôkram, kaeussou, chokola, fromach, pizama, épina, salat’ : autant de mots qui trahissent leur origine. Par ailleurs, si le Khmer n'est pas à la base une langue indo-européenne, une partie de son vocabulaire originel (et de son vocabulaire seulement: exit la grammaire), héritée du sanscrit ou du Pâli (qui sont des langues indo-européennes), peut nous rappeler des choses. Ainsi en est-il de "navire", qui se dit "nirvir" (vous me pardonnerez, je n’ai pas trente-six exemples, mais un suffira). Pour ce qui est de la grammaire, elle est au premier abord assez simple. Les mots (substantifs, adjectifs et verbes) sont invariables, et la conjugaison se limite au passé/présent/futur : voila qui allège un peu la tâche. "Moi aller marché acheter viande" qu’ils disent....
Mais en réalité, pour maîtriser le Khmer, il faut plusieurs années de pratique, et l’apprendre sans s’immerger dans la culture ne vous fera jamais vraiment le comprendre. Langue culturelle par excellence, le Khmer ne dévoile tous ses secrets qu’au contact de ceux qui la vivent. Le sens des mots est souvent subtil, voire intraduisible, et l’extrême richesse du vocabulaire fait somme toute le contrepoids à une grammaire réputée facile. Ainsi, pour le verbe porter, il faudra un mot différent pour chaque manière de porter ; "pone" pour "porter en baluchon", "béy" pour "porter dans les bras", "li" pour "porter sur l’épaule", "kôndir" pour "porter sur la hanche", "louv" pour porter sur le dos", "toul" pour "porter sur la tête", "kane" pour "porter à la main", "rék" pour "porter en palanche", et j’en passe, et des meilleurs. Bref. Autant vous dire que les dictionnaires Khmer/Français sont souvent énormes. Ainsi, si le premier dictionnaire Cambodgien-Français, paru en 1902 aux presses des MEP, ne comptait que 432 pages, les suivants (toujours sous la houlette des missionnaires des MEP) dépasseront les mille pages. En 1933, le dictionnaire Cambodgien-Français du Père Sindulphe Tandart (un des plus aboutis) atteindra 2478 pages. Pour finir sur la langue locale, un mot peut donner une idée de ce que j’appelle plus haut une "langue culturelle par excellence" : "je" se dit "khniom", qui signifie "esclave". La messe est dite.

Bref. Voila pour l’heure ce que j’avais à vous raconter cette semaine. En attendant la s’maine prochaine, comme de bien entendu.
Et évidemment :
1) Le carnet : Caroline de S. et Geoffroy C. vont s'marier. Bravo !
2) La pensée de la semaine : grâce au rugby, c’est la fête à Pariz. »

Monday, October 1, 2007

Semaine 7 : le pays des morts bruyants.

Mesdames Messieurs bonsoâââââr. Bienvenue sur louis-cambodge, le blog qui vous tient informés d’un crapahutage cambodgien. Comme chaque semaine, Louis, en direct de Kompong Cham, vous raconte ses aventures au royaume khmer, et en profite pour vous présenter le pays, son histoire, ses moeurs, et ses habitants. Un léger contretemps nous aura empêchés de diffuser notre chronique cambodgienne hier, et nous vous prions de bien vouloir nous en excuser. Aujourd’hui, tout semble être rentré dans l’ordre, et le récit de la septième semaine peut commencer :

« Euh oui donc, comme vous le rappeliez à l’instant, je n’ai effectivement pas pu être des vôtres hier. En fait, je suis allé à Phnom Penh ce week-end, et je pensais faire ma chronique à mon retour. Cependant, comme il n’y avait plus de place dans le bus, j’ai dû prendre ce que l’on appelle ici-bas une « tourists laan », c’est-à-dire, littéralement, une « voiture touristes ». En fait, il s’agit d’une fourgonnette Toyota dans laquelle nous sommes jusqu’à une bonne quinzaine, parfois plus. Kompong Cham étant en bout de course, on s’arrête tout le temps pour prendre untel, déposer unetelle, charger, décharger. Et quand il n’y a plus de place à l’intérieur, qu’à cela ne tienne : il y a de la place sur le toit. Entre les arrêts, c’est assez secoué. On zigzague entre les motos, les vélos, les vaches, les vendeurs à la sauvette, les voitures qui doublent en face, les camions qui traînent, les nids-de-poule, les enfants qui traversent, et que sais-je encore, le tout sur un bruit de klaxon permanent, l’histoire de dire : "dégagez, on arrive"... Bref. Tout ça a pris un peu plus de temps qu’en bus, et quand je suis enfin arrivé à bon port, il était déjà trop tard pour vous rejoindre.


Ainsi donc, mon week-end phnom-penhois (le premier depuis cinq semaines) fut bon. Hormis qu'il a duré trois jours, qu’en retenir ? Vendredi : passage à l'ambassade pour retirer ma carte de "Français établi hors de France"; connaissance de Charles, un nouveau coopérant arrivé il y a trois semaines; petit tour au psar Thmey, le marché central dont je vous ai déjà parlé il y a quelques semaines. Construit par un Français dans les années trente, du plus pur style art-déco, le marché est un véritable labyrinthe. Si à l’intérieur, sous la gigantesque coupole, on respire à peu près, dans les bas-côtés, c’est une autre affaire. Dans ce Capharnaüm, où chacun se faufile comme il peut, les vendeurs se disputent le moindre espace possiblement exploitable (lire ici). Vendredi toujours : messe mensuelle (en Français) des coopérants, pizzas party (sans riz!), et passage au Memphis, un dancing d'expats où un groupe local chante en Anglais et en Français (dont "Femme libérée" de Cookie Dingler...) ; samedi : petit tour à l’aéroport pour le départ (définitif) de Vincent, un confrère en poste depuis deux ans. Dimanche : messe dominicale (en Khmer), et petit tour dans Phnom-Penh avec Philibert, un autre coopérant.
En dehors de mon week-end "à la capitale", que dire d’autre sur ma semaine ? Assez sédentaire, je n’en ferai pas une tartine. Simplement, signalons qu’elle fut bruyante, pour ne pas dire cacophonique. Et pour cause : un voisin était mort la semaine d’avant, et la tradition khmère veut que durant les sept jours suivants son décès, une cérémonie soit organisée pour lui faire comprendre qu’il est bien mort, et ainsi éviter qu’il ne revienne en fantôme. En fait, il est indispensable de réussir les funérailles, sinon le séjour du mort entre deux existences serait raté, et le disparu reviendrait réclamer réparation à la famille. Ainsi fait-on venir une "troupe" de bonzes, qui pendant sept jours, se relaient de quatre heures du matin jusqu’à 8 ou 9 h du soir, pour chanter (et surtout hurler) dans un porte-voix grésillant des chants lancinants en langue sacrée que personne ne comprend (lire ici un article très intéressant sur le culte du bruit au Cambodge). Promiscuité oblige, nous étions même parfois obligés de crier dans le bureau pour nous entendre. Et si jamais il y avait une pause (rare), elle n’était que de courte durée : le temps sans doute de changer de bonze. Bref. Voila une tradition locale qui, disons-le, est un peu fatigante. D’autant plus que je ne suis pas certain que le porte-voix soit un instrument traditionnel. Moralité : quand la tradition s’équipe, les morts font un bruit d’enfer.
Voila ce que je peux vous dire chers amis ce cette septième semaine passée au royaume khmer. Samedi, Mgr Susairaj, le vicaire apostolique, est rentré d’Europe, et notamment d’Italie où sa visite ad limina à Castel Gondolfo s’est apparemment bien passée. Enfin voila. Je vais devoir vous laisser. Je vous souhaite à tous une bonne semaine, et vous dis à la semaine prochaine pour d’autres aventures. Et bien sûr, la pensée de la semaine :
"Plus y’a d’fous, moins y’a d’riz" (Confucius ? Coluche ?)... ».

Saturday, September 22, 2007

Semaine 6 : suivre la ligne blanche.

Mesdames Messieurs bonsoâââââr. Bienvenue sur louis-cambodge, le blog qui vous tient informés d’un crapahutage cambodgien. Comme chaque semaine, Louis, en direct de Kompong Cham, vous raconte ses aventures au royaume khmer, et en profite pour vous présenter le pays, son histoire, ses moeurs, et ses habitants. Aujourd’hui, dans sa célèbre chronique hebdomadaire (ndlr : on y croit presque), votre humble serviteur (bis repetita) fait le récit de sa sixième semaine passée à l’autre bout du monde :


« Euh oui. Donc. "Sixième semaine" disiez-vous, mais permettez-moi d’abord de revenir sur ma chronique précédente, et de raconter à notre cher auditoire mon retour d’Oreang Ou que je racontais trop brièvement la semaine passée. En effet, ce trajet en moto, "sous des hallebardes" comme je disais dans ma précédente chronique, a été quelque peu distrayant, pour le commun des mortels que je suis. Et pour cause : je vous rappelle le contexte : 1) sur une première moto : deux compères cambodgiens. 2) sur une seconde moto : moi. Au retour donc, disais-je, l'aventure a commencé. Partis vers 17h50 d’Oureang Ou (soit à dix minutes de la nuit noire), nous n’étions pas partis depuis trois minutes que la pluie (qui ne devait pas s’arrêter jusqu’à notre arrivée à Kompong Cham) s’est mise à tomber à torrents. Lorsque la nuit est arrivée, le mélange pluie+obscurité n’a pas été pour nous aider. Résultat: mes lunettes pleines de flotte m'empêchaient de voir (c'est le comble), alors que les deux compères fonçaient à toute allure, poussés par la peur d'être attaqués par des bandits de grands chemins, qui, parait-il, sévissent dans les plantations d'hévéas que nous étions justement en train de traverser. Cependant, ils ne m'avaient rien dit. Et comme je n'y voyais vraiment rien et que j'avais peur de me prendre le bas coté de la route, je me suis arrêté, seul dans le noir, sous des trombes d’eau. Eux continuaient d'avancer sans m'attendre, le feu arrière de leur moto disparaissant peu à peu dans le lointain de la nuit. Le truc, c'est que quand on ne roule pas, et ben les phares s'arrêtent. Résultat pour ma pomme : solitude solitaire dans un noir total. Heureusement (je dis « heureusement », mais sur le moment je trouvais la situation plus cocasse qu'autre chose : moi, seul dans la pampa cambodgienne. Trop bieeeeeeen), les compères ont fini par revenir au bout de cinq minutes affolés à l'idée que j'eusse été kidnappé. Bref. Plus de peur que de mal. Sur ce, mon confrère de la seconde moto m'a donné son truc: fixer des yeux la ligne blanche du bas-côté de la route (péniblement éclairée par les phares) et foncer. Certes, mais comment on fait quand on n'voit rien ou qu'y a pas d'ligne? Verdict : on fonce quand même.... pour l’anecdote : nous nous sommes fait doubler par une moto sans phare, avec quatre passagers. Qui sont les tarés dans l’affaire ?


Enfin voila donc pour la cinquième semaine je crois. Passons comme vous l’annonciez à l’instant à ma sixième semaine dont il faut retenir qu’elle a été assez agitée. Lundi tout d’abord. Comme je vous l’avais annoncé dans ma chronique précédente, il s’agissait d’aller inaugurer une crèche dans un village de la province. Le village en question était Tmoh Peth, situé à une petite trentaine de kilomètres de Kompong Cham, au-delà du Mékong. Nous y sommes allés en voiture. Le village est situé en bout de piste, bien souvent cabossée, au nord de la plus grande plantation d’hévéas du pays : la plantation Chup. Là, l’inauguration en grande pompe de ce centre catholique réunissait une petite foule. Le gouverneur du district assis à coté des prêtres orchestrant le projet, un spectacle de danse traditionnelle (sur de la musique crachée là encore par un mur d’enceintes impressionnant), un portrait du pape et du roi Sihamoni côte à côte, des drapeaux du Vatican et du Cambodge réunis : autant d’indices qui nous montrent que l’Eglise et le Royaume du Cambodge entretiennent aujourd’hui de cordiales relations (les deux pays ont renoué leurs relations diplomatiques en 1994). Le tout s’est terminé sur un repas copieux, offerts à la centaine de convives. Pour le retour, un certain Ta Pen, qui garde l’évêché la nuit, m’a proposé de rentrer avec lui en moto. Ta Pen, qui parle à peu près Français, a travaillé près de trente ans dans l’usine Chup. Aussi nous-sommes nous arrêtés pour visiter le site.

Avec plus de 20000 hectares (capacité maximale de 550 arbres par hectare : l’hévéaculture obéit à des règles très strictes), la plantation Chup, disais-je, est la plus grande de tout le pays. L’ensemble, immense, forme une sorte d’hacienda, avec ses maisons ouvrières, la maison du directeur, certainement très belle, mais cachée derrière ses murs, son hôpital, ses pistes, etc. Jusqu’à 4250 ouvriers se partagent leur temps pour récolter le latex retenu dans chacun des petits pots accrochés à chacun de arbres, et dont je vous parlais déjà la semaine dernière (pour un complément d’informations sur les conditions de travail des ouvriers, lire ici). La saignée est en spirale, tout autour du tronc, afin de faire couler le latex, un peu comme sur un pas de vis. Celui-ci, après un premier transvasement dans un seau, est versé dans un camion citerne qui rejoint l’usine assez rapidement, pour de ne pas laisser au latex le temps de coaguler sur place. L’usine Chup remonte, je crois, aux années vingt. En réalité, sur place et en apparence, hormis le travail vieillissant du temps, rien ne semble avoir vraiment changé depuis le départ des Français (d’ailleurs, si il y a un directeur local, j’ai crû comprendre que c’est encore un Français qui gère plus ou moins tout ça depuis Paris) et, quelque part, le site respire la nostalgie. Les camions datent apparemment des années 50, un bus qui devait autrefois servir à transporter les ouvriers attend aujourd’hui que la rouille finisse de le disséquer, la pompe à carburant interne remonte certainement à l’administration française, et les installations de l’usine elle-même ne sont sans aucun doute pas beaucoup plus récentes. Ne voit-on pas çà et là des plaques Pont-À-Mousson ? Bref. En quelques mots, la fabrication du caoutchouc, c’est d’abord une première coagulation du latex dans des sortes de petites piscines, puis c’est le passage dans une sorte de blanchisseuse ; vient ensuite une seconde coagulation dans une sorte de bassin tout en longueur. La grande bande de latex caoutchouteux ainsi obtenue est passée dans un rouleau qui écrase et qui chauffe le latex coagulé, faisant jaunir le tout, qui devient du caoutchouc. Je vous épargne les détails, mais à la fin, ça sort en cube de trente-trois kilos, ça sent la balle rebondissante de notre enfance, et c’est emballé dans des caisses de bois qui contiennent chacune 1200 kg de caoutchouc. En période creuse comme ça l’est actuellement, l’usine produit 20 tonnes par jour, vendues à l’étranger. Cette visite est très intéressante, et je conseille à nos auditeurs de passage dans la région de faire un détour par l’usine Chup.


Bref. Passons à mardi. Mardi donc, comme je vous l’avais également annoncé la semaine dernière, nous sommes partis à Sihanouk Ville, située à 230 km au sud-ouest de Phnom Penh, sur le Golfe de Thaïlande. Apres avoir traversé le Mékong en ferry local, sorte de barge qui ferait tomber en apoplexie nos technocrates bruxellois, nous avons emprunté la RN4 qui mène à la première station balnéaire du pays. La route, financée par les Américains, traverse le sud-est des Cardamomes, le massif montagneux le plus important du pays, dont le Mont Aural et ses 1771 mètres est le point culminant. Traversées par quelques rares routes, les Cardamomes sont une véritable jungle, refuge des (presque) derniers tigres, éléphants, léopards, et ours sauvages du Cambodge. Le paysage est magnifique, percé par quelques cascades impressionnantes. A coté, la région de Kompong Cham, plate à perte de vue, fait figure de Belgique brelienne, La ville de Sihanouk elle-même, a surgi de la jungle à la fin des années 50, sur le projet du roi éponyme d’en faire le premier et unique port en eaux profondes du pays. La RN4 facilita alors son explosion touristique. Rebaptisée Kompong Som à la chute du roi en 1970, elle a recouvré son ancien nom en 1993 (néanmoins, les deux noms coexistent). Ainsi, nous sommes arrivés à Sihanouk après avoir roulé à peu près toute la journée. Je dis « nous », parce que nous étions tout un groupe venu de tous les coins du pays pour une grande réunion de la Société Saint-Vincent-de-Paul, formant ainsi un véritable convoi. Nous étions logés à la « catholic Church » qui possède un vaste terrain sur les hauteurs de la ville, parsemé de nombreux bâtiments. Malgré l’heure tardive de notre arrivée, nous avons eu le temps d’aller faire un saut à la plage, au sable blanc et bordée d’arbres et de paillotes. Là, nous nous sommes goinfrés des calamars grillés, spécialités locales préparées et vendues à même la plage par quelques gagne-misère de toute sorte. Assurément, la baignade facilita la digestion. Le soir, la réunion SSVP, rassemblant une bonne centaine de membres dans une sorte de théâtre, était très bien organisée. Les conférences de tout le pays étaient présentées une à une, et en tant que membre de la Conférence Saint-Lazare (paroisse St-André-de-L’Europe, Paris 8e), j’ai eu droit de monter sur la scène pour y dire quelques mots à l'assistance (en Khmer...).
Mercredi : journée partagée entre réunion SSVP et plage, où nous sommes allés en voiture. Dix sur le toit, une vingtaine à l’intérieur. Qui dit mieux.
Jeudi, comme annoncé, retour en bus à Kompong Cham, via Phnom Penh, et un saut au Sorya, un centre commercial à l’occidental qui jure avec son environnement immédiat (le marché central). Et voila. Ma semaine s’achève à Kompong Cham, dans la sérénité du lieu. Je n’irai à Phnom Penh que le week-end prochain, et cette fois-ci, j’irai. Que vous dire de plus chers auditeurs que bonne semaine ? Pas grand chose très certainement. Je vais maintenant rendre l’antenne, et profite de ces derniers instants pour vous redire toute mon affection. A la semaine prochaine, et portez-vous bien. »

« Ah oui c’est vrai, pardon, j’oubliais la pensée de la semaine : "Pour se nourrir, les Japonais mangent du riz sans blanquette! J'en ris encore." (Pierre Desproges, dans Les Etrangers sont nuls)... »